Scènes

22e Festival de jazz de Montréal

le programme du plus grand festival de jazz au monde.


Citizen Jazz sera présent lors du 22° Festival international de jazz de Montréal (28 juin - 8 juillet) en la personne de son correspondant Stanley Péan, par ailleurs notamment chroniqueur à Radio Canada.

Plus important événement du genre au monde - mais pas forcément le meilleur, à l’avis du puriste - le Festival international de jazz de Montréal reprend du poil de la bête pour sa 22e édition avec une programmation inspirée et plus éclectique que jamais. De tout pour tous les goûts, voilà en gros le menu qu’ont dévoilé les responsables de l’événement en conférence de presse, le mardi 8 mai dernier. De retour après une année sabbatique, André Ménard, grand manitou de la programmation depuis les débuts, n’est pas peu fier de la brochette d’artistes issus de tous horizons proposée à la délectation des festivaliers. « La série Les Grands Concerts s’ouvre avec un hommage à John Coltrane par David Murray, son héritier spirituel, et se ferme avec un hommage à Miles par Wallace Roney, annonçait Ménard, tout sourire. C’est un peu comme les deux blocs qui tiennent les livres d’une bibliothèque ! »

Entre l’alpha et l’oméga placés sous la tutelle spirituelle de deux grands disparus, quelque 2000 musiciens et chanteurs se produiront sur les scènes montréalaises entre les 28 juin au 8 juillet prochains. L’ouverture officielle a été confiée à la pianiste et chanteuse canadienne Diana Krall. Au théâtre Maisonneuve, l’enfant-chérie du Festival présentera des extraits de son prochain album à paraître sur étiquette Verve. Par ailleurs, côté jazz vocal, les organisateurs ont tendu la perche à diverses prétendantes à la succession de l’irremplaçable triumvirat que composaient Billie, Ella et Sarah : outre la divine Cassandra Wilson (qui partagera la scène avec le trompettiste Terence Blanchard) et la toujours bienvenue Patricia Barber, on pourra également voir et entendre les canadiennes Carol Welsman et Molly Johnson, les nouvelles venues Claudia Acuna et Janet Monheit et enfin, un nom pour le moins étonnant dans ce contexte, la comédienne québécoise Dorothée Berryman. Mieux connue pour ses rôles au théâtre, à la télévision et au cinéma canadiens - le cinéphile se souvient notamment de sa performance dans Le déclin de l’empire américain de Denis Arcand, où elle incarnait la banlieusarde mille fois trompée par un mari frivole - Mme Berryman joue à la chanteuse de jazz dans les cabarets montréalais depuis une couple d’années et a même endisqué avec son trio un album de standards qui, avouons-le, est loin de faire l’unanimité.

Côté jazz mainstream, outre la venue susmentionnée de David Murray et Wallace Roney, de même que celle du Lincoln Center Jazz Orchestra et de son controversé maestro Wynton Marsalis, on souligne la présence des grosses pointures nord-américaines que sont Wayne Shorter, John McLaughlin, Johnny Griffin, Charlie Haden, Joe Lovano, Charles Lloyd, Kenny Barron, Steve Lacy, Michael Brecker (récipiendaire du prestigieux prix Miles-Davis cette année), John Scofield, le décapant New Art Jazz Quartet, le Gil Evans Orchestra (sous la direction de son fils Miles) ainsi que de plus-si-jeunes loups tels James Carter, David Sanchez, le duo Bill Carrothers et Bill Stewart, Regina Carter, le trio Medeski, Martin & Wood sans oublier le fougueux Roy Hargrove. Ce dernier occupera d’ailleurs la scène du Théâtre du Monument national durant quatre soirs consécutifs, à la tête de combos à configuration variable, dont un trio avec Christian McBride et Russell Malone. Enfin, invité de marque qui s’ajoute dernière minute, le légendaire pianiste canadien Oscar Peterson offre aux festivaliers le rare privilège de sa présence le soir de la clôture de l’événement.

D’autre part, le jazz européen n’est pas mis au rancart puisque le Norvégien Nils Petter Molvaer, le Belge Philip Catherine et les Français Laurent de Wilde, Daniel Mille, Éric Truffaz et Michel Legrand seront de la fête et que l’Italie se voit honorée par la série « Jazz Europa » à laquelle participeront le duo Pietro Tonolo et Danilo Rea, le pianiste Enrico Pieranunzi (trois soirs plutôt qu’un) de même que le trompettiste Enrico Rava qui, à l’instar de Roy Hargrove, tiendra l’affiche quatre soirs à la tête d’autant de formations distinctes, dont son quintet co-dirigé avec Paolo Fresu.

Depuis des années, le FIJM s’est ouvert aux musiques du monde aux sources desquelles le jazz a abondamment puisé. Cette année encore, le public montréalais pas toujours passionné de jazz au sens propre et néanmoins féru de world-music pourra écouter et applaudir Cesaria Evora (la Billie Holiday du Cap-Vert), la Brésilienne Bebel Gilberto et son légendaire pai Joao (qui se produiront cependant individuellement), le Nigérien Femi Kuti, l’Ougandais Geoffrey Oryema, l’Afro-Cuban All-Stars et leurs compatriotes du Orquestra, Ibrahim Ferrer, l’Indien Trilok Gurtu, le Franco-maghrébin Rachid Taha, les Jamaïcains Steel Pulse, le pianiste dominicain Michel Camilo en conciliabule avec le guitariste tzigane Tomatto.

Mais charité ordonnée commence par soi-même, nous enseigne un vieux dicton, et la tenue l’an dernier d’une première édition d’un off-festival piloté par certains grands noms du jazz québécois semble avoir rappelé aux responsables du FIJM combien il est malvenu de négliger indûment les talents locaux. Aussi, reverra-t-on avec plaisir au Festival des artistes tels que le big band de Vic Vogel, les combos des batteurs Guy Nadon et de Bernard Primeau, le New Montreal Jazz Collective, le Playground Orchestra du saxophoniste Joel Miller, le Rémi Bolduc Jazz Ensemble avec son invité d’honneur Kenny Werner, les bluesmen Steeve Hill et Bob Walsh, les trios de François Carrier et de François Bourassa, le duo Bet.E & Stef, l’incontournable René Lussier et son projet « Grand Vent », de même que le violoncelliste Eric Longsworth qui retrouvera sur scène l’accordéoniste français Daniel Mille et le multipercussionniste Pierre Tanguay. Certes, cela n’apaisera pas ces jazzmen montréalais dissidents, dont le contrebassiste et compositeur Normand Guilbeault s’est fait le porte-parole, qui entendent récidiver avec une seconde édition de leur festival parallèle.

Enfin, désir de faire courir les foules oblige, les maestros du FIJM ont comme par le passé mis au programme quelques pop-stars destinés à séduire le grand public : en grande première cette année, on accueillera l’iconoclaste Prince (celui en qui Miles Davis voyait un « Duke Ellington des années ‘90 », rien de moins, se produira à gichet fermé à la Place des Arts), mais également le rocker George Thorogood, l’ancien leader de la Mano Negra, Manu Chao, ainsi qu’une pléiade de disc-jockeys venus des night-clubs du monde entier qu’on aimerait bien nous faire passer pour d’authentiques musiciens, voire des improvisateurs de génie, idée sur laquelle je préfère me taire pour l’instant…

Les billets individuels pour tous les concerts présentés en salle à l’occasion de cette 22e édition du Festival international de jazz de Montréal sont en vente depuis le samedi 12 mai. On peut également se les procurer à la billetterie centrale du FIJM, située au Spectrum de Montréal, à tous les comptoirs Admission ou en téléphonant au 514-790-1245 (pour les résidents de la région montréalaise) ou le 1-800-361-4595 (pour ceux de l’extérieur de Montréal) ou en visitant le site web du réseau de billetterie Admission. Signalons en terminant que les festivaliers pourront assister à entre 300 et 400 concerts gratuits en plein air, dont une grande soirée spéciale. Les détails de cette programmation extérieure ne seront cependant rendus publics qu’au début de juin.

La semaine prochaine, des détails sur l’Off Festival.