Scènes

À Vaulx Jazz 2009 [1]

Avant d’entrer dans le vif du sujet jazz, A Vaulx Jazz ouvrait le 12 mars 2009 et pour la première fois, sa scène set au rock.


Avant d’entrer dans le vif du sujet jazz, A Vaulx Jazz ouvrait le 12 mars 2009 et pour la première fois, sa scène set au rock.

Avant d’entrer dans le vif du sujet jazz, A Vaulx Jazz consacrait, le 12 mars 2009 et pour la première fois, un « set » set au rock - un choix crânement assumé par le directeur, Thierry Serrano, qui revendique sa curiosité musicale tous azimuts. Assurée par les néo-rock Buttshakers, [1], la première partie de soirée nous a permis de repartir quelques années-lumière en arrière, à une époque de chemises blanches et de cravates noires, et surtout de sons métallique inimitable que l’on a beaucoup de mal à retrouver de nos jours. C’est pourtant ce à quoi s’emploient les Buttshakers, puissamment aidés par Ciara Thompson, chanteuse débarquée de Saint Louis (Missouri) aux incontestables qualités vocales, au chaud tempérament et à la voix soul. Un côté ryhtm’blues accentué par des cuivres bien astiqués et bien appuyés (sax ténor et trompette). Seul bémol : le côté un peu répétitif et cadré de la musique qu’on aimerait voir déraper plus souvent pour prendre quelques envolées.

Les Buttshakers pourraient être les parents du très jeune groupe britannique qui investit ensuite la scène : « The Go ! Team », sorte d’objet musical non identifié mêlant sous force décibels hip-hop, soul, électro et bien d’autres choses encore, plus un ingrédient rare dans ce genre de groupe : un harmonica, manié avec une aisance de vieux loup folk par le leader et principal compositeur du groupe, le guitariste Ian Parton. Trois garçons, trois filles, la parité est atteinte. Outre le leader, la chanteuse Ninja fait exploser la scène grâce à sa formidable énergie, qui ferait passer une démonstration de battucada pour une séance de méditation zen. Dommage que ce dynamisme sonore et joyeux ait trop souvent tendance à masquer une créativité musicale immature.

Marcel Loeffler © J.-M. Laouénan/Vues sur Scènes

Avec Oxyd (jazz rock), Dorado Schmitt (jazz manouche) et Dimitri Naïditch (surprenant métissage de jazz et de folklore ukrainien), la dernière soirée d’A Vaulx Jazz 2009, le 21 mars, était à l’image de l’ensemble du festival : d’un parfait éclectisme. Malgré son jeune âge, lauréat l’an dernier du tremplin du Rezzo à Jazz à Vienne, le quintet Oxyd [2], au contraire, n’a pas eu de mal à prouver sa maturité. Ce groupe originaire d’Ile-de-France qui annonce son premier album pour avril s’est installé sous la férule de son leader et compositeur, Alexandre Herer - quasi allongé sur son Fender Rhodes -, dans un répertoire d’essence jazz-rock aux sonorités fortement électriques. Propulsé par deux solides solistes, Julien Pontvianne au sax ténor et Olivier Laisney à la trompette, le groupe développe une musique où l’écriture stricte laisse la place à de larges plages d’improvisation imaginative et débridée.

Dorado Schmitt sur un nuage

Victime d’un problème de santé, Patrick Saussois est remplacé au pied levé par Dorado Schmitt, qui évolue dans le même registre : le jazz manouche. Avec sa bouille épanouie, sa bonne humeur et ses multiples talents - tant au violon qu’à la guitare acoustique et électrique -, le Gitan lorrain ne tarde pas à susciter une ambiance et une complicité indéniables avec la salle. Alternant ses propres compositions avec les grands classiques [3], ce surdoué aligne tout en aisance et créativité des solos et rythmiques propres à susciter une forte houle dans la salle. L’accordéoniste Marcel Loeffler apporte au contraire un peu de sérénité. Chez les Gitans, c’est bien connu, on a un sens aigu de la famille : pour le finale, Dorado fait appel à son fiston Amati (13 ans ), qui n’a certes pas encore la dextérité de papa, mais nous gratifie de quelques impros prometteuses. Au total, du jazz manouche survitaminé, le succès du genre laissant - il faut bien le dire -, trop souvent la place à la facilité. Dorado et sa formation eurent à juste titre droit à une standing ovation.

[À suivre…]

par Dominique Largeron // Publié le 6 avril 2009

[1Traduction littérale : « les onduleurs de popotin ».

[2Également vainqueur des Trophées du Sunside (Paris).

[3Dont l’incontournable « Nuage » de Django Reinhardt.