Scènes

« A Vaulx Jazz » 2012 - Soirée 3 x 3

Moins connue pour son planétarium que pour ses émeutes de 1979, cette commune de la banlieue est de Lyon accueillait le 20 mars 2012 un concert d’étoiles montantes et de stars confirmées lors de la soirée de printemps du festival A Vaulx Jazz.


Un concert en trois actes où se sont succédé des trio fort différents mais réunis autour de la musique improvisée européenne.

Moins connue pour son planétarium que pour ses émeutes de 1979, cette commune de la banlieue est de Lyon accueillait le 20 mars 2012 un concert d’étoiles montantes et de stars confirmées lors de la soirée de printemps du festival A Vaulx Jazz. Un concert en trois actes où se sont succédé des trio fort différents mais réunis autour de la musique improvisée européenne.

En ouverture, le trio Enchant(i)er, trois jeunes Grenoblois au look d’étudiants tout droit sortis de l’Ecole Nationale des Travaux Publics toute proche : Grégory Sallet aux saxophones alto et soprano, Olivier Jambois, guitare électrique, et Kevin Lucchetti, batterie, livrent en pâture au public trois compositions, dont « Festivus » et « Le ventre de la bête, berceuse euclidienne ». Les engins d’Enchantier construisent un jazz expérimental aux sonorités rock-ailleuses mais dont l’écriture élaborée emprunte au classique (choral avec diminutions), le tout entrecoupé d’improvisations assumées, et osons le dire, bétonnées !

Deuxième acte : Joëlle Léandre, Nicole Mitchell (seule Américaine) et Raymond Strid, trois « poids lourds » qui prennent d’invraisemblables libertés avec leurs instruments, l’humour en prime : Strid fait mine de se flageller avec ses balais ou ramasse tout ce qui traîne pour en tirer un son, la diva de la contrebasse égrène des mots provenant de recettes de cuisine. Façon catachrèse musicale… Les flûtes de Nicole, elles, se lancent dans des incantations d’indiens d’Amérique, pendant que la contrebasse se joue sans complexe de la virtuosité de sa voisine ; toutes deux rivalisent de vélocité, s’amusant aussi bien avec leurs cordes vocales qu’avec leurs instruments… les joyeuses commères de Windcordes, en quelque sorte.

Changement d’ambiance pour « Ramon à Paris » qui ouvre la troisième et dernière partie ; un thème aux harmonies classiques d’une extrême sensualité, interprété par le pianiste Agusti Fernandez - harmonies aussitôt contrariées par les roucoulades de baguettes intercalées par l’immense Barry Guy dans les cordes de sa basse modèle réduit. La mélodie s’éclipse au profit de l’univers sonore atonal des deux comparses de Ramon Lopez. « Amalisa » nous secoue les oreilles énergiquement alors que « La Niña de la Calle Ibiza » et ses intonations lyriques d’une douceur infinie achèvent de subjuguer le public. Dans un des derniers morceaux du concert, mon hallucination auditive va jusqu’à confondre le jeu de Barry Guy avec celui de la viole de gambe d’Hesperion XX… La Renaissance espagnole n’est pas loin…

Trois trio, trois ambiances, mais un objectif commun, celui d’improviser en expérimentant à partir de la matière sonore, tantôt à l’état brut, tantôt ciselée telle de l’orfèvrerie d’art… Une recette de chef étoilé, - réussie - pour les 25 ans du festival.