Chronique

Adam Pierończyk

The Planet Of Eternal Life

Adam Pierończyk (ss)

Label / Distribution : Jazz Werkstatt

Acteur important de la scène jazz polonaise, où il a remporté de nombreux prix, le saxophoniste Adam Pierończyk collabore depuis plusieurs années avec des musiciens établis en Europe ou aux Etats-Unis. C’est ainsi qu’on a pu le découvrir en quintet aux côtés de Nelson Veras et Anthony Cox pour un hommage remarqué au compositeur Krzysztof Komeda, ou encore avec le tromboniste Adrian Mears en quartet sur l’album El Buscador. Principalement reconnu au saxophone ténor, c’est pourtant au soprano que Pierończyk propose The Planet Of Eternal Life, son premier disque en solo.

À l’occasion du festival allemand Jazzwerkstatt, qui publie par ailleurs cet album sur son label, il s’empare du cadre enchanteur du Festungsturm Peitz. Les vieilles pierres de cette citadelle du XIVe siècle sont l’écrin idéal pour évoquer toutes sortes d’images colorées grâce au son plein et lyrique du soprano. L’imagination de Pierończyk est au pouvoir. Il joue sans emphase avec l’espace et l’écho des lieux, s’en inspire et s’en emplit. De Bukowski, évoqué dans le très souple « Tell Me Anything About You Life Mr. Buk ! » à Steve Jobs, gratifié d’un chaleureux « Thank You Mr. Jobs », sa galerie de portraits s’écrit dans l’instant mais prend le temps de digresser et se plaît à flâner. C’est ainsi que sur « Dancing Seahorses », le soprano cherche dans les aigus une relative quiétude, toujours proche de la rupture, mais sans aucune rudesse.

C’est sur sa reprise du « Giant Steps » de Coltrane que la force tranquille de Pierończyk s’expose sous son meilleur jour. Le thème est lisible mais alangui ; il flotte autour du saxophone avant de revenir éclater comme une bulle et de repartir pour de nouvelles circonvolutions aux courbes incertaines aux accents presque chambristes. Il n’y a pas ici de volonté de transgression, de fureur. The Planet Of Eternal Life est le disque atmosphérique et intime d’un musicien élégant, féru du partage d’émotions. On les accepte avec joie.