Chronique

Aknine/Dousteyssier/Godet

Harvest

Guillaume Aknine (g, bjo, hca, dir), Jean Dousteyssier (cl, hca, g), Jean-Brice Godet (cl, hca, g, radio)

Label / Distribution : Tricollection

Harvest c’est le titre d’un album de Neil Young, tout le monde sait ça, si tout le monde n’a pas la musique dans les oreilles. Harvest c’est de la guitare, du chant, de l’harmonica, le contenu plus ou moins dépressif des textes, mais surtout, Harvest, c’est inoubliable quand vous en avez consommé la quintessence au fil des écoutes.

À la fois titre du CD et nom du groupe (un trio), Harvest est donc aussi la proposition musicale en grande partie improvisée, mais à mon sens très « pensée », de trois musiciens de la génération qui a écouté Neil Young avec insistance et un brin d’amour. Avec de petites différences, tous trois jouent de la guitare, de l’harmonica, et deux d’entre eux pratiquent les clarinettes, cependant que Guillaume Aknine assure la direction artistique de l’ensemble.

Ne vous attendez pas à retrouver d’emblée le contenu manifeste de l’album, même si « Words » et « Harvest » finissent par émerger de cette aventure sonore explicitement ouverte à ce qui se produit dans le moment. Qu’il soit bien clair aussi que j’adore ça, cette création mouvante (et émouvante) des sons, de l’espace sonore en vous et autour de vous, et que je prends les deux pièces (« part one » et « part two ») avec la même appétence. Dans la première, la génération (engendrement) de la musique est d’une superbe douceur, la palette des associations sonores est déclinée avec un art consommé (et quand même fragile). Dans la seconde, le monde s’anime de guitares et de rythmes, avant l’apparition quasi magique des thèmes de l’album, repris avec un doux sentiment de paix intérieure, qui prélude au retour des guitares « west coast », d’une grande tendresse. À mon sens, chaque prestation publique de ce trio donnera lieu à une musique unique, et j’espère donc qu’on les entendra bientôt en direct. Cela dit, vous le savez bien, car ils ne sont pas des inconnus, pour vous qui lisez ces lignes.