Scènes

Alea jacta Vienne (2007), 27ème !

Big bands, chanteuses, grandes rencontres… Joe Lovano, Clark Terry et Charles Tolliver emmènent la 27ème édition de Jazz à Vienne…


Jazz à Vienne est déjà de retour. La 27° édition - présentée pour la toute première fois la semaine passée à Vienne même - se déroulera du 28 juin au 13 juillet. Elle ne déroge pas à ses sacro-saints principes, le premier étant : rester un festival qui introduit les grands festivals de jazz de l’été et qui finit, épuisé, tout swing dehors, au petit matin du 14 juillet pour laisser la place à d’autres musiques.

Personne ne sera dépaysé, cette année encore, par le décor, l’ambiance, Jean-Paul Boutellier plus présent que jamais, la machine évidemment bien rodée et tout ce qui fait le charme de Vienne, ce mélange de jazz et de ruines romaines, l’un nourrissant l’autre et vice versa, ces concerts organisés dans un des plus grands théâtres antiques encore « debout » (8000 places) démarrant au moment où le soleil disparaît derrière la grande scène et où les martinets ou alouettes enchaînent les piqués-relevés au-dessus d’une foule tout heureuse de se retrouver là chaque année.

Bref, 28 juin-13 juillet : 16 soirées au cours desquelles on retrouve toute l’alchimie désormais habituelle de Jazz à Vienne. La grande scène – la seule payante - et ses têtes d’affiche et, à côté, en-dessous, toutes les autres, officielles ou non, qui forment chaque jour un pont musical jusqu’au milieu de la nuit.

Ingratitude oblige, parlons un peu de ce qui se passera sur la scène du théâtre antique. Les grands noms de cette édition s’appellent Clark Terry, George Benson, Brad Mehldau, Pat Metheny, Joe Lovano, Archie Shepp, et dans une moindre mesure, Joshua Redman, Biréli Lagrène et Charles Tolliver. Comme à l’habitude, s’y greffent des musiques cousines ou des jazz plus typés : ainsi Chucho Valdès le temps d’une soirée cubaine, Al Green et Magic Slim le temps d’une soirée blues, Chano Dominguez pour l’inévitable flamenco, et quelques autres pour traiter des jazz manouche et new orleans.

Mais l’un des intérêts de cette édition résidera plutôt dans le jazz vocal. Certes, celui-là n’est jamais totalement absent des éditions. De John Hendricks à Ray Charles, en passant par Manhattan Transfer, Ella (si, si au tout début), Madeleine Peyroux, Sarah Vaughan, et combien d’autres, les soirées vocales ont toujours fait partie des grands rendez-vous à Vienne. Mais cette fois, et comme le rappelle l’affiche de l’année, la 27ème édition fait la part belle aux chanteurs/teuses : sont en effet attendues Liz McComb, Cassandra Wilson, Sara Lazarus, la toute récente Robin McKelle, Buika à découvrir, et Dee Dee Bridgewater, une habituée des lieux. Côté masculin, seront sur scène : Mitch Woods, Craig Adams, Al Jarreau, Kurt Elling, Magic Slim et Al Green. Sans compter tous ceux qui, dopés par l’ambiance, pousseront quelques vocalises, dont justement Clark Terry, 87 ans et la trompette, le scat ou le bugle toujours actifs.

Pat Metheny-Brad Mehldau et George Benson–Al Jarreau : ces deux soirées–rencontres programmées en tout début de festival (les 3 et 4 juillet) en seront les grands moments : en effet, ces nouveaux duos seront ensemble au Théâtre antique pour la première fois après avoir commis leurs albums respectif.

Enfin, et comme pour chaque édition, on pourra compter sur quelques big bands particulièrement sonores : le plus attendu est évidemment celui de Charles Tolliver qui donnera à Vienne, le 9 juillet, l’un de ses rares concerts européens. Son big band rassemble ce qui se fait de mieux dans le genre, quelles que soient les lignes considérées : au sax, ils seront six dont, côte à côte Howard Johnson, Billy Harper et Craig Handy, au piano Stanley Cowell, un des piliers des formations Tolliver. Et ainsi de suite, jusqu’aux cadres de la formation, j’ai nommé Cecil McBee (b) et Victor Lewis (dr). Dans un autre genre mais tout aussi costaud le Paris Jazz Big Band a la charge de lancer le festival mais aussi de préparer les futures générations clientes de Jazz à Vienne. C’est cette formation créée par Nicolas Folmer et Pierre Bertrand qui se chargera en effet de la soirée « jeune public », cette pré-matinée (10h) du festival qui voit rappliquer dans le Théâtre près de 6 000 gamins des environs qui reçoivent là un intelligent baptême jazzy. Le temps de reprendre leur souffle, ils joueront surtout le samedi 3 au soir avant Manu Katché, qui a signé chez ECM un intéressant projet il y a deux ans. Dans la même veine, si l’on peut détacher les yeux de Robin McKelle, on découvrira le premier soir du festival un big band emmené par François Laudet. Rajoutons–y pour faire bonne mesure, venu de Cuba, le Maraca Salsa & Latin Jazz Band et of course l’Orchestre National de Lyon impliqué dans la soirée flamenco de Juan Carmona. Pour l’occasion, celui-ci a composé une œuvre pour orchestre symphonique et guitare gitane.

La dernière soirée, qui se conclut aux aurores, reflète bien l’éclectisme de cette édition : on démarrera avec Jérémie Ternoy trio qui avait remporté de belle manière le concours « Rezzo Jazz à Vienne » l’an dernier. On poursuit avec Manu Dibango, qui rend hommage à Sidney Bechet. On passe ensuite dans un ordre non défini à Archie Shepp qui arrive cette fois en nonette costaud, puis à Clark Terry et George Robert quintet et on finit avec Boogie Wonderband qui rend hommage à Earth, Wind and Fire.

Vous savez à peu près tout sauf que le 10 sera donc sur scène Joe Lovano, le sax le plus subtil et inspiré qui soit donné d’entendre, même lorsqu’il ne sort pas avec Hank Jones, Motian et George Mraz. A Vienne il aura du mal cette année à faire oublier sa dernière incursion d’il y a trois ans en compagnie précisément d’un Hank Jones tout heureux. Mais ne désespérons pas : il sera escorté du SF Jazz Collective, composé de quelques jolies pointures.

On allait oublier que seront également sur scène Didier Lockwood, autre familier des lieux, en compagnie du Trio Rosenberg et de Bernard Berkhout, et le Biréli Lagrène Gipsy Project – Dédé Ceccarelli inclus - qui ne quitte plus Sara Lazarus. Enfin, vendredi 29 juin, si vous arrivez à passer par–dessus les embouteillages, qui deviennent aussi la marque de fabrique de ce festival, vous apercevrez E.S.T., cet Esbjörn Svensson Trio qui a la lourde charge de lancer Jazz à Vienne…

Programmation du Club de Minuit :

  • vendredi 29 juin Stéphane Chausse Quartet
  • samedi 30 juin Marc Richard quintet : Hommage à Johnny Hodges
  • lundi 2 juillet Diego Amador : Piano Jundo
  • mardi 3 juillet Sarah Morrow « Elektric Air » feat. Robert Glasper
  • mercredi 4 juillet Steve Potts & Michel Edelin quintet
  • jeudi 5 juillet Tenor Sax Generation
  • vendredi 6 juillet Tigran Hamasyan Trio
  • samedi 7 juillet Nico Wayne Toussaint Blues Band
  • lundi 9 juillet Bojan Z trio
  • mardi 10 juillet Pierrick Pedron quartet - Prix Django Reinhardt
  • mercredi 11 juillet Lemmy Constantine
  • jeudi 12 juillet Eric Legnini