Anna Farrow

Il y a toujours une sorte d’ivresse a découvrir la « première fois » d’un artiste. C’est la fragilité des premiers pas sur un chemin de crête. Ou un sourire qui dessinerait une promesse. Anna Farrow nous offre tout cela pour son premier enregistrement, Days & Moods. On croit en elle dès les premières notes (« Travelling Melody »). Une voix suave, un combo quasi minimal, un groove tranquille, une composition « enchantante » (le fait d’être enchanté par une composition entêtante !). Plus groovy encore, le binaire « Happy Fool » nous emporte un peu plus loin. On comprend que la chanteuse n’ira pas grimper à l’échelle des aigus, pas plus qu’elle ne descendra explorer la gravité : peu importe, on peut exceller dans le médiums (comme David Linx par exemple). Ce qui frappe, au même titre que le charme de cette nouvelle voix, c’est l’univers de la chanteuse qui se révèle également une excellente compositrice. Et quand elle reprend « Feeling Good », elle n’a pas à rougir des immenses interprétations qu’on peut avoir à l’esprit. Si elle ne lui autorise pas toutes les prouesses, sa voix ductile évoque par moments Patricia Barber, comme dans « Tomorrows », « Our Song » et « Spring Is Back ». Compliment. Tout a l’air simple, naturel, souple et paré le plus souvent d’un léger voile. Cette voix sensuelle vous emportera (« Migrant Birdy »). Toute résistance serait vaine.