Chronique

Azzola, Caratini, Fosset

Trois temps pour bien faire

Marcel Azzola (acc), Patrice Caratini (b), Marc Fosset (g)

Label / Distribution : Le Chant du Monde

Cette judicieuse réédition est l’occasion de (re)découvrir, à travers ses deux disques enregistrés en 1982 et 1986 regroupés ici en un seul volume, le trio qui a, peut-être le premier, mélangé jazz et musette. Comme l’explique Patrice Caratini, c’est d’un désir mutuel d’élargissement des horizons musicaux qu’est né à la fin des années soixante-dix le trio formé de l’accordéoniste Marcel Azzola et du duo Caratini-Marc
Fosset
. Résultat : à travers ces dix-sept morceaux, quasiment tous des compositions à part le Miss Who ? d’Art Pepper, c’est toute une époque qui refait surface ! Et les titres en sont la parfaite illustration : Quartier Saint-Merri, Canal Saint-Martin, Fleur de banlieue, Valse des crayons, Azur tango, Le chat tigré... La musique concrétise tout ce que ces mots évoquent, cette atmosphère de banlieue des années cinquante, cet univers à la Doisneau dont parle Patrice Caratini dans un livret empreint de nostalgie.

Au fil des pièces, les influences des uns et des autres se croisent, se trouvent et se complètent. L’accordéon montre ses deux visages : mélancolique en solo dans Index ou associé à une contrebasse frottée (Canal Saint-Martin), il est aussi le symbole de la légèreté et de la joie de vivre de la musette (Double-scotch, Valse des crayons ou
encore le morceau titre Trois temps pour bien faire). Mais l’instrument d’Azzola s’intègre également à la perfection en dehors des sentiers de la valse, du musette et du tango où on est habitué à le voir traîner ses guêtres : biguine, bossa et swing font également partie de la fête.

Ici le jazz n’est pas cérébral mais reste avant tout au service de la fête et du partage, avec des morceaux relativement courts, des thèmes simples et des mélodies permettant la danse, de l’espace pour l’improvisation de chacun. Un disque très réjouissant.