Chronique

Bailey Léandre Lewis Parker

28 rue Dunois - juillet 1982

Derek Bailey (g) ; Joëlle Léandre (b, voc) ; George Lewis (tb) ; Evan Parker (saxes)

Label / Distribution : FOU Records

S’il ne fallait retenir qu’une poignée de noms dans ce qui, sous le nom générique de « musiques improvisées », unit les recherches menées par le free jazz et la musique contemporaine, les quatre qui barrent en rouge la couverture de ce disque en feraient assurément partie.

Dans ce document capté sur le vif en 1982 du côté du XIIIe arrondissement parisien, les Anglais de l’étape, Parker et Bailey, ont déjà quelques années d’activité derrière eux, mais aussi beaucoup à venir (surtout Evan Parker, Derek Bailey nous ayant quittés beaucoup trop tôt). Le tromboniste George Lewis et la contrebassiste Joëlle Léandre, bien qu’acteurs plus récents de cette scène, n’ont pas pour autant de timidités de débutants lors de cette première rencontre à quatre.

Après une mise en place lente et marmoréenne bien dans le style de Bailey, les choses et les personnes déclinent chacune leurs beautés convulsives dans un éventail des possibles où le lyrisme de la contrebasse (que vient parfois soutenir la voix de Léandre, du chuintement aux envolées de cantatrice) encadre des bruits d’objets mécaniques qu’on démonte, des enluminures répétitives soufies comme venues de Joujouka ou des évocations majestueuses de tempêtes et de cornes de brume (le trombone de Lewis excellant à cet exercice). Le tout se meut sur lui-même, se chiffonne et crée dans ses plis multipliés une surface potentiellement infinie.