Chronique

Basile Rosselet 3X3

Voyelles Live

Basile Rosselet (ts), Shems Bendali (tp), William Jacquemet (tb), Adriel Rüfenacht (vln), Katia Viel, Daniel Minten (alto), Domitille Jordan (cello), Noé Macary (p), Marco De Freitas (b), François Christe (dms)

Label / Distribution : QFTF

27 ans au compteur, et plus d’un tiers de ce temps à étudier le jazz, le saxophone, la composition. Basile Rosselet, musicien suisse dont on connaît encore peu le travail, est ici à la tête d’un ensemble de neuf musiciens pour lequel il a composé dans le cadre de son master à l’HEMU, l’Haute Ecole de Musique de Lausanne.

La formation, nommée 3X3, est constituée de trois groupes de trois instruments. Les instruments à vent (saxophone, trompette, trombone), les cordes (violon, alto, violoncelle) et la rythmique (piano, basse, batterie). Voyelles est enregistré en live à l’occasion de concerts donnés dans trois clubs de Genève et Lausanne : l’AMR, l’ABRI et le Chorus.

S’il montre que Basile Rosselet est un saxophoniste qui connaît son jazz et le déroule avec une belle sonorité et un phrasé sûr, Voyelles met surtout en avant son travail de composition. Sans prendre de grandes distances avec les canons du genre, il propose une dizaine de pièces qui empruntent autant à l’écriture pour big-band qu’à la souplesse des petites formations bop. Les solos sont très majoritairement réservés aux instruments à vent et au piano. La rythmique tient son rôle, fièrement. Les cordes sont incorporées de différentes manières, soit pour épaissir les textures orchestrales, pour tenir collectivement un rôle structurel, soit pour apporter par leur couleur un supplément d’émotion.

On a souvent le sentiment d’écouter une petite formation « augmentée », avec ici et là des nappes, des pizzicatos qui viennent doubler une partie déjà existante, des tutti qui multiplient les alliances de timbre et autorisent de jolies déclinaisons harmoniques.

L’intention de proposer une musique travaillée et mélodieuse est évidente. En cela Voyelles est une réussite, avec une écriture élégante et des interprètes irréprochables. Peut-être ce répertoire manque-t-il un peu d’accidents qui, en créant des zones d’inconfort, auraient pu permettre à ce beau groupe de se créer une identité plus marquée. Car même si le dérapage n’est à l’évidence pas un effet recherché, la succession d’arrangements léchés, si réussis soient-ils, finit par lisser la musique, et donc effilocher l’implication de l’auditeur. La beauté n’est que plus délectable lorsqu’elle est parfois ébranlée…

Cette réserve mise à part, les raisons de s’enthousiasmer ne manquent pas, et l’on retiendra avant tout de belles idées dans la répartition des forces, chaque sous-ensemble se complétant ou se juxtaposant pour donner vie à une musique sensible, raffinée et très positive.