Chronique

Bernard Lubat

Improvisions

Bernard Lubat (p)

Label / Distribution : Cristal Records

C’est en 1997, sous le titre Conversatoire, que Bernard Lubat fit paraître un premier récital de piano solo. Superbe disque, qui lui valut un texte magistral de Jean-Pierre Moussaron et une appréciation générale très positive. Près de vingt ans plus tard, il récidive, prouvant (entre autres) par là que chez lui la maturation des « projets » est longue, Lubat ayant horreur de publier des disques inutiles ou superfétatoires.

La manière était, en 1997, manifestement influencée par le langage « bebop », les titres mêmes y renvoyant, comme « Night In Uzestois » par exemple. Aujourd’hui, si cette ascendance reste présente, on entend un pianiste plus complet encore, ouvert à maintes associations d’idées (« Someday My Prince Will Come » dans « Étude rythmique » par exemple, ou « Le Sacre du printemps » dans « En tendre long temps »), usant de son grand piano comme d’un instrument très percussif, sans abuser des effets devenus habituels à ce genre d’exercice. Autrement dit, faire sonner un piano est (ou semble) son désir, et pas seulement fabriquer des sons « avec » un piano. Quant à la mémoire qui lui permet cette circulation, elle est impressionnante.

Un régal, un plaisir, des audaces contrôlées et musicales qui viennent largement compenser, voire faire oublier, le « Lacan de campagne » qui continue à habiter notre génial Landais. On aura oublié tous ces à-peu-près langagiers que sa musique résonnera encore. En nous et hors de nous.