Chronique

Besson, Ferlet, Kerecki

Aïrés

Airelle Besson (tp), Edouard Ferlet (p), Stéphane Kerecki (cb)

Label / Distribution : Alpha Classics

Il y a des gens qui ont du nez. C’est indéniablement le cas de Didier Martin, patron du label Alpha, qui a été à l’initiative de ce trio. Car tout est beau dans cet album qui mélange des compositions des trois musiciens en même temps que des « after… ». On trouve en effet trois œuvres, respectivement écrites par Ravel, Tchaïkovski et Gabriel Fauré, qui constituent autant de points de départ de déambulations libres et improvisées. Dans l’entretien publié sur le livret qui accompagne le CD, Stéphane Kerecki parle à cet égard de « thèmes puissants ». On souscrira volontiers à cette vision et on remarquera que les virées qu’en proposent les musiciens sont particulièrement réussies. Tout est fait de justes équilibres, de phrases délicates souvent chuchotées. Mais la discrétion n’a d’équivalent que la confidence dans laquelle l’auditeur est placé, sans condition.

On pourrait parler de « flâneries ». Ce serait au risque de ne pas saisir ce qu’il y a de profond dans ce disque. En effet, cette musique parle à l’âme. Sûrement parce que, outre une esthétique exacerbée de la discrétion, on y trouve beaucoup de mélancolie. Pour preuve, deux pavanes et une valse sentimentale. Un spleen, pourrait-on dire si le terme n’était pas si baudelairien. Car la poésie que propose le trio est moins la célébration de l’ennui qu’une langueur magnifiée. On décernera une mention toute particulière à l’improvisation depuis la « Pavane » de Gabriel Fauré – une pièce apportée au répertoire par Edouard Ferlet. Elle sonne comme une ode au tourment. L’émotion est telle qu’on verserait facilement une larme.

L’album se clôt avec « Résonance », une composition d’Airelle Besson. Le morceau est un peu plus enjoué que les autres. A peine, en fait, et surtout juste à point pour sortir avec délicatesse de cette musique exquise.