Chronique

Boi Akih

Uwa i

Monica Akihary (voc), Niels Brouwer(g), Sandip Bhattacharya (tablas), Ernst Reijseger (cello)

Label / Distribution : Enja Records

Boi Akih ? Ça ne vous dit peut-être rien. Pourtant, ce groupe venu des Pays-Bas est un pur régal. La sortie de son troisième album Uwa i est l’occasion idéale de le découvrir. La merveilleuse et subtile voix de la chanteuse d’origine indonésienne Monica Akihary, associée aux compositions du guitariste virtuose Niels Brouwer caractérise le son si particulier de Boi Akih.

Leurs morceaux, venus du jazz et de la musique improvisée, procèdent d’un étonnant mélange entre la musique « classique » indienne et celle, traditionnelle, des îles Moluques en Indonésie.
Plus étonnante encore, la section rythmique. Loin de l’habituel duo basse-batterie, l’association des tablas indiens et du violoncelle ouvre la porte sur un lieu où les musiques traditionnelles se mêlent dans l’improvisation. La combinaison des cultures européenne, indienne et indonésienne, d’une part, et du jazz d’autre part, confère à Boi Akih un son unique, une couleur inimitable dans le paysage musical actuel. Guitare, violoncelle, tablas et chant créent un univers propice à la diversité des ambiances. Le bien nommé « Image », est une invitation à voyager à travers les musiques du monde. Richesse des couleurs, polyrythmie, mélodies et thèmes alliant évidence et sophistication, on en redemande. Monica Akihary, sublime, charme et ensorcelle avec son chant ethnico-jazz.

La collaboration entre Monica Akihary et Niels Brouwer remonte à 1995. En 1997, ils font leurs débuts avec Boi Akih, suivi de Above the Clouds, Among the Roots en 2000. En septembre 2003, le label ENJA records distribue Uwa i, mais uniquement pour les Pays-Bas. Le reste du monde aura attendu février 2004, et la France septembre.

Ici, c’est la première fois qu’Akihary chante exclusivement en haruku, langue maternelle de son père. L’inspiration, pour ce nouvel opus, est venue d’une étude intensive de la musique du sud de l’Inde, à Bangalore, où Akihary et Brouwer se sont rendus en 2002. Pour étoffer l’horizon musical de cet album, les deux protagonistes se sont entourés du grand joueur de tabla indien Sandip Bhattacharya (élève de Ravi Sankar) et de l’explosif violoncelliste néerlandais Ernst Reijseger.

Grâce à ce métissage culturel réussi ainsi qu’au mélange harmonieux des genres, et à l’originalité de sa musique, Boi Akih peut toucher un auditoire des plus variés. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.