Chronique

Bojan Z, Nils Wogram

Housewarming

Bojan Z : piano & Fender Rhodes, Nils Wogram : trombone.

Label / Distribution : Nwog Records

Le festival Jazzdor est souvent cité comme l’endroit d’une première rencontre par les musiciens. Une fois encore, c’est à l’invitation du festival que s’est opérée la rencontre entre le pianiste français et le tromboniste allemand.
Des duos, ce n’est pas ça qui manque et Bojan Zulfikarpasic est assez à l’aise avec ce format. Après quelques séries de concerts, les deux musiciens décident donc d’enregistrer dix morceaux dont ils se partagent équitablement la paternité. Le tromboniste sort le disque sur son propre label NWOG Records.

On y retrouve d’ailleurs les « standards » de la zulfikarpasicitude, tel « No.9 » issu de l’album Humus (2009, avec Josh Roseman au trombone, déjà) ou « TNT » (The New Tube), un morceau joué en trio ou avec son groupe The Expatriots et surtout en duo avec le guitariste serbe Nenad Gajin, « Think Thrice » un thème qu’il joue en solo (mais qu’il n’a pas inclus dans le disque Soul Shelter) ou en trio depuis des années. A l’exception de « No.9 », les titres n’avaient pas encore été officiellement enregistrés.

Ce qui frappe à la première écoute, c’est le velouté de l’ensemble. Bien sûr, le jeu de trombone de Nils Wogram n’est pas éclatant ni cuivré, mais rond et nuancé ce qui lui permet de jolis phrasés rebondissants et un dialogue en douceur. Bien sûr, lorsque Bojan Z est au Fender Rhodes, tout semble caoutchouteux et ses parties de piano sont très mélodiques, coulantes, sans heurt, sans fracas. Les deux protagonistes engagés dans ce dialogue respectent sagement les conventions d’usage : exposé du thème, solo de l’un, solo de l’autre, re-exposé du thème et coda (peu ou prou, bien sûr). On sent à la fois une connivence née de la pratique régulière de la scène et une grande retenue de leur part. Cela donne de beaux entrelacs, comme dans « Storks », mais cela ressemble fort à deux garnements contraints de rester sages. Les interventions sont classiques, extrêmement posées et mesurées. On erre dans le tonal harmonieux et les accords célestes.

Le tout récent Duo avec Julien Lourau ne souffre pas la comparaison. Là où ça jouait du couteau et où l’on sentait les musiciens au bord du précipice, on se trouve ici au coin du feu, bien au chaud dans des chaussons de laine, la tasse de thé bouillante dans les mains.
Mais après tout, puisque nous sommes invités à la pendaison de crémaillère (Housewarming) de ce moulin, entrons nous mettre au chaud.