Chronique

Brass Mask

Spy Boy

Tom Challenger (ts, acl), Dan Nicholls (ts, bcl), George Crowley (ts, cl), Alex Bonney (tp), Rory Simmons (tp), Nat Cross (trombone), Theon Cross (tuba), John Blease (perc).

Label / Distribution : Babel Label

Brass Mask est une fanfare avant-gardiste qui emprunte autant aux marching bands de la Nouvelle-Orléans qu’à l’écriture complexe d’un Henry Threadgill. « Brass » signifie « cuivres » en anglais : masque de cuivres, voilà une jolie formule qui exprime bien l’ambivalence de l’écriture du saxophoniste, clarinettiste et percussionniste Tom Challenger.

On connaît ce dernier en France grâce à sa collaboration avec le saxophoniste Robin Fincker (les « Mediums » de Vincent Courtois) dans le groupe Outhouse et son activité au sein du Loop Collective, collectif londonien dont il est un des piliers. Il a notamment participé à une rencontre avec la coopérative parisienne de musiciens Coax en mars dernier à la Dynamo de Banlieues Bleues avec son groupe MA et un autre dont il ne fait pas partie, Tweedle Dee, où l’on retrouve Alex Bonney, un des deux trompettistes de Brass Mask. La famille Loop Collective a des ramifications multiples, comme sa cousine la famille Coax.

Un tel décor posé, on imagine bien que cette fanfare n’en est pas vraiment une. La musique est très écrite, presque trop pensée — à tel point qu’on se prend à rêver d’un peu plus de « saleté » ou de spontanéité. Polyphonique, elle ménage une juste place à tous les instruments, et l’on entend particulièrement le tuba, souvent en contrepoint par rapport aux saxophones improvisateurs. Le mélange d’influences rythmiques africaines et de procédés d’écriture d’inspiration européenne donne naissance à un savant melting pot qui gagnerait à être simplifié. Spy Jones donne l’impression qu’on a voulu tout y mettre, au détriment de la lisibilité de l’ensemble. À suivre.