Chronique

Celso Fonseca

Natural

Celso Fonseca (g, voc), Robertinho Silva (dms, perc), Daniel Jobim (p), Jorge Hélder (b)

Label / Distribution : Ziriguiboom / Warner Jazz France

Que demander de plus à la musique, parfois, que d’être une parfaite invitation au voyage ? qu’exiger de plus que la sensation de siroter une caïpirinha trop forte par un doux matin de printemps, les yeux éblouis par la blancheur du sable de la plage de Copacabana, au pied du Corcovado et de sa statue du Christ ?

Car c’est à cela, tout simplement, que nous convie le dernier album de Celso Fonseca, premier de ses disques distribué en France malgré une carrière déjà longue et bien remplie d’arrangeur ou de sideman évoluant parmi les plus grands noms de la musique brésilienne (notamment Caetano Veloso, Gilberto Gil). Distribué sous le label Ziriguiboom qui nous a fait découvrir Bebel Gilberto, l’ouverture du premier morceau Bom Sinal peut laisser supposer que l’on est en présence, comme pour Bebel Gilberto sur son album Tanto Tempo, d’un mariage réussi entre bossa nova et machines, entre héritage séculaire et modernisme. Illusion. Celso Fonseca revient immédiatement à une bossa nova des plus traditionnelles, parfaitement maîtrisée tant musicalement qu’au niveau de l’enregistrement même. La voix de Fonseca, encore magnifiée par une prise de son parfaite (voix prise de très près), dégage une sensualité rare qui évoque Caetano Veloso, comme si le chanteur venait murmurer ses paroles au creux de notre oreille.

La tradition se manifeste également par un double hommage aux deux maîtres Tom Jobim, par une reprise respectueuse de Ela é Carioca en duo avec Cibelle, autre artiste du label, et Baden Powell, par une relecture de Consolação où Fonseca parvient même à retrouver le son de guitare sec et austère de Baden Powell. A l’instar de Jobim, Fonseca est un extraordinaire compositeur dont les mélodies se logent dans notre esprit pendant de longues heures (Sem Resposta, Minha Dalva de Oliveira) mais aussi un excellent arrangeur capable de relectures très personnelles embellies par quelques sobres accords de piano (The Night We Called It a Day).

Un disque indispensable, à la fois entraînant et apaisant, pour tous ceux dont le cœur oscille entre bossa nova et samba et résonne au son métallique du berimbau, percussion traditionnelle brésilienne.