Chronique

Chevallier / Boisseau / Lavergne

Second life

David Chevallier (guitares, banjo), Sébastien Boisseau (b), Christophe Lavergne (dm)

Label / Distribution : Cristal Records

Délaissant les adaptations de corpus extérieurs entendues sur ses précédentes projets (Gesualdo dans Gesualdo Variations, la pop dans Is That Pop Music ?, Dave Brubeck dans Back To Brubeck avec le Quatuor IXI), David Chevallier s’engage aujourd’hui dans dix compositions signées de sa main. Ce deuxième disque où il s’entoure une nouvelle fois de Sébastien Boisseau à la contrebasse et Christophe Lavergne à la batterie décline un répertoire acoustique varié. Les atmosphères pleines et lumineuses y voient s’échapper des lignes mélodiques complexes mais qui impriment la mémoire.

La rigueur de l’écriture, précise mais jamais imposante, couplé au soin apporté aux arrangements (contre-chants de la basse ou de la guitare, pulsation aiguisée, légères boucles) font de cette combinaison une feuille de route stimulante. Le trio s’y engage avec aisance et l’enrichit même d’un plaisir pour le jeu immédiatement perceptible, notamment sur les périodes improvisées qui amènent de la souplesse aux structures en ouvrant des espaces toujours plus larges.

Depuis Standards & Avatars (consacré à une relecture de quelques standards de jazz) sorti voici trois ans, cette formation a effectivement gagné en densité et développe à présent une sonorité générale profonde et agile. Une répartition équilibrée des voix permet aux musiciens d’investir les moments de bravoure qui parsèment le parcours avec l’intelligence qu’on leur connaît (sur “Dodici” pour Boisseau ou “Slide” pour Lavergne).

David Chevallier, cependant, se détache plus particulièrement. Par un choix judicieux de l’instrument (guitares six ou douze cordes, banjo), il fait preuve d’un sens de l’à-propos qui valorise les compositions et contribue à leur saveur. Légèreté sur le monkien “Naïf”, plus de gravité sur “Patience” ou un clin d’œil assumé sur “Choro”. Avec naturel, ce guitariste protéiforme synthétise une large palette stylistique en un creuset qui lui est propre.