Chronique

Chris Mentens

Drivin’ with the Chris Mentens Jazz Van

Chris Mentens (b), Sam Versweyveld (tp), Joe Higham (ss, ts, cl), Jan Nihoul (vib), Koen Nijs (ts), Dree Peremans (tb), Ben Sluys (as), Pierre Van Dormael (g)

Label / Distribution : AZ Productions

Chris Mentens est un bassiste largement autodidacte, qu’on a pu entendre récemment aux côtés de Chris Joris sur Out of the Night. Les douze compositions personnelles de Drivin’ with the Chris Mentens Jazz Van peuvent être rapprochées de celles de Dave Holland sur les derniers albums studio de son quintet. La clarté du son et la présence du vibraphone favorisent ce rapprochement, mais c’est surtout le sens mélodique du bassiste qui établit cette filiation, ainsi que quelques subtilités rythmiques (la mesure à 9 temps ancrée par un vamp de basse de Modified Self-Portrait, l’alternance des tempos sur Where is the Bag). Quand des instruments supplémentaires s’ajoutent au quintet de base, Mentens fait admirer ses arrangements, comme lors du solo de Pierre Van Dormael sur The Long Way Home ou la contre-mélodie du trombone lors de l’hispanisant Pinocchio’s New Hat.

Le leader est bien entouré. Sam Versweyveld fournit plusieurs solos excellents dans la tradition de la trompette hard bop de Clifford Brown ou Freddie Hubbard, par exemple sur le funky Let’s Fake the Music and Dance : Part Two, et Jan Nihoul est pour beaucoup dans le succès de l’album, assurant les parties intérieures des arrangements avec légèreté, ainsi que quelques courts solos réjouissants.

Le disque s’ouvre et se referme sur des expérimentations à la basse seule. Dans Bass Intro, Mentens superpose progressivement des lignes de basse mélodiques ou percussives. Il en résulte un groove fourni, mais c’est la fluidité avec laquelle une nouvelle ligne jouée s’ajoute aux boucles en cours qui impressionne le plus. A la basse électrique, Michel Hatzigeorgiou nous a habitués à ce genre de procédé, mais ici Mentens crée une petite oeuvre complète, plutôt qu’une « jam. » Dans Coda, en utilisant des effets d’écho, de delay et de distortion, Mentens donne l’impression de plusieurs basses qui jouent simultanément. Coda a été enregistré sur scène, et si la qualité sonore en souffre, le résultat n’en est que plus impressionnant. Mentens produit avec Drivin’ un premier album convaincant et plein de fraîcheur.