Portrait

Christian Ton Ton Salut, le Toulousain indispensable

Portrait du batteur, figure de la scène toulousaine.


Christian Tonton Salut par Michel Laborde

C’est un incontournable lorsqu’on promène ses écoutilles de part et d’autre de la Garonne. Il est aussi un grand militant de l’humanité et depuis des décennies il mène à la musique nombre de musiciens, de l’école à la scène.

Quand on fréquente le Taquin, l’Espace Job et toutes les salles qui comptent à Toulouse, on se rend rapidement compte de l’importance de Christian Ton Ton Salut. Le batteur est en effet une - si ce n’est la - figure emblématique et historique de la ville rose. Nécessairement, ça donne une aura, une prestance et c’est peu dire que Ton Ton Salut contribue fortement à donner une identité et une couleur à la scène toulousaine. Son engagement, au-delà de la seule musique, y contribue bien entendu. Il anime depuis belle lurette des jam sessions – il s’inscrit dans le bop et les années 1960 – au cours desquelles tous les musiciens, qu’ils aient ou non pignon sur rue, sont invités. Ton Ton – un surnom qu’il porte depuis le lycée et qui lui va comme un gant – est en effet un militant et derrière sa musique, derrière ses concerts, pointe une dose salvatrice d’humanité. Quand on échange avec lui, on se rend compte très vite que les autres sont centraux. Christian Ton Ton Salut aime les gens. Ni plus ni moins ; et cette appétence spontanée est tout simplement une grande bouffée d’oxygène. De fait, on n’exagère nullement si on dit que sa pratique musicale est étroitement liée à sa vision de la « cité ». Ton Ton est un partisan du collectif qui en a fait un art de vivre sa musique. Bien entendu, son CV est long comme le bras. Faut dire qu’avec une carrière de bientôt cinquante ans, il a eu l’occasion de frotter son jeu, son style, sa sensibilité à d’innombrables musiciens. Qu’il ait fondé avec le bassiste Julien Duthu et l’équipe du Taquin la Jazz Week, un festival d’une semaine où un trio de base invite chaque soir un musicien différent, n’est pas une surprise. C’est en effet un signe parmi d’autres du soin qu’il prend à la rencontre et à l’échange.

Christian Ton Ton Salut par Michel Laborde

Mais s’il reste étroitement associé à Toulouse – il s’y est installé après ses années de lycée dans l’Ariège – il serait restrictif de ne l’associer qu’à cette ville. D’abord parce qu’il partage sa vie entre la cité rose et Marseille ; ensuite parce qu’il a fait le voyage des Etats-Unis, s’installant à New-York quelques mois durant les années 1980. Enfin parce qu’il joue au-delà de la seule Occitanie. D’ailleurs, c’est lors d’une tournée en Espagne avec Lou Bennet qu’il a rencontré Abdu Salim avec lequel il a, depuis vingt-cinq ans maintenant, un trio du tonnerre.

Lui se sert de sa notoriété et de son statut de personnage public pour fédérer la place toulousaine et il est salutaire que le monde compte des personnes dont le souci de l’Autre est à ce point mis à l’honneur. Que ça retentisse dans sa musique n’en est que mieux encore. Car Christian Salut est un peu le tonton de tout un chacun.