Chronique

Christophe Dal Sasso Big Band

Ouverture

Christophe Dal Sasso (dir), Erick Poirier, Laurent Agnès, Stéphane Belmondo (tp, bgl), François Christin (cor), Jerry Edwards (tb), Bastien Stil (tuba), Dominique Mandin (as, ss), Sophie Alour (ts, cl), Guillaume Naturel (ts, fl), Lionel Belmondo (bs, afl), Laurent Fickelson (p), Clovis Nicolas (b), Philippe Soirat (d).

Label / Distribution : Nocturne

C’est au côté du papa des frères Belmondo, Yvan Belmondo, que Christophe Dal Sasso va faire ses premières armes dans la musique. A 14 ans, Yvan Belmondo l’intègre dans son big band où il fait la connaissance de ses deux fistons, Lionel et Stéphane. Une amitié fraternelle et durable était née. C’est donc tout naturellement que Christophe invite les deux frangins en « guest stars » sur ce disque. Ouverture est un hommage à Gil Evans, George Russell mais aussi Thad Jones et bien sûr Tom Harrell. Dal Sasso a réuni dans ce big band des valeurs sûres tels que les frères Belmondo, mais aussi Guillaume Naturel, Laurent Fickelson, Clovis Nicolas ou encore Phillipe Soirat (ces trois derniers étant les compagnons d’armes du Quintet Belmondo). Il a aussi fait appel à quelques jeunes musiciens très talenteux comme Sophie Alour et Laurent Agnès. Tout cela mérite déjà qu’on achète le disque les yeux fermés.

Ce dernier se compose de deux thèmes de Tom Harrell, LE standard de Johnny Green, « Body and Soul », et de deux compositions de Dal Sasso, qui a choisi de l’ouvrir avec « Bell », sans doute une des plus belles compositions du trompettiste américain Tom Harrell. Celui-ci est connu pour son sens de la mesure et de la mélodie travaillée. Les arrangements de Dal Sasso mettent magnifiquement en valeur toute la puissance émotionnelle de ses compositions. Jerry Edwards au trombone, fait un solo tout en souplesse et Stéphane Belmondo le suit avec un discours très mélodique, comme à son habitude, sans jamais oublier de placer ça et là de judicieuses phrases blues. Sur « Tristesse », composition de Dal Sasso, Gabriel Fauré et Lili Boulanger ne sont pas loin… Le placement parfait des instruments laisse le champ libre à une Sophie Alour touchante. Un beau moment de mélancolie.
La pièce qui suit, « Ouverture », est une suite en quatre parties. « Part 1 » affirme les convictions du chef d’orchestre : puissance et souplesse. Stéphane Belmondo tient un discours à la hauteur des exigences de son leader. Le début de solo, très bop, évolue petit à petit vers des schémas plus « out » pour terminer cette pièce carrément dans un unisson free-jazz. Sur « Part 3 » on retrouve Lionel Belmondo au baryton. Une belle surprise, tant on le sait à l’aise avec toutes les anches. On lui doit un solo magnifique où l’on ressent toutes ses influences coltraniennes. Sur « Vista », autre composition de Tom Harrell, Sophie Alour effectue encore une prestation éblouissante de maturité. Avec « Body and Soul », ce disque s’achève avec un magnifique hommage à la musique de big band de Duke Ellington et Count Basie.
Christophe Dal Sasso démontre avec ce disque qu’il est un compositeur et un arrangeur passionnant et appliqué. Il a su s’entourer de musiciens très talentueux qui apportent à cette musique sa couleur si particulière. Le jazz français est bien vivant et avance de belle manière.