Chronique

Christophe Monniot & Didier Ithursarry

Hymnes à l’amour

Christophe Monniot (saxophones), Didier Ithursarry (accordéon)

Label / Distribution : ONJAZZ Records

Maîtres de leur instrument, Christophe Monniot et Didier Ithursarry jouent depuis longtemps d’un savoir encyclopédique avec une faculté d’adaptation qui les entraîne sur tous les terrains. Cette rencontre est ainsi la promesse d’un échange fructueux au sein duquel leur ancienne complicité peut pleinement s’épanouir. Car le duo ne se place évidemment pas dans le cadre de la performance ; mieux, il a pour objectif de donner corps à une sensibilité commune dans un dialogue dont les deux parties sont en réalité le même discours.

Avec un plaisir partagé, ils donnent à entendre des airs traditionnels, anonymes ou signés (Pascual Marquina Narro, Duke Ellington, Tony Murena) qui habitent la mémoire de tous et qu’ils investissent avec tendresse. Les compositions personnelles, quant à elles, loin de dépareiller, donnent une belle amplitude à ce répertoire traversé, de part et d’autre, par le souci d’un classicisme élégant et un entrain constant.

L’auditeur est plongé dans un monde de poésie où les nuances rendent le propos à la fois fragile et exquis. Les rapports au silence, les sons qui s’épuisent et prennent le temps de renaître maintiennent l’écoute dans un état de douce attention tandis que les phrases grimpantes du saxophone autour des soufflets volubiles de l’accordéon distillent une euphorie qui est une mélancolie autant qu’une griserie.

Cette virtuosité survole des harmonies savantes et se trouve être le moyen le plus honnête, voire le plus plus pudique, de traverser un panel d’émotions (nostalgie sur “España cañi”, suave amertume sur “Nadir’s”) en utilisant, comme point de départ et comme finalité, le naturel d’une amitié musicale et la puissance créatrice qu’elle induit.