Scènes

Collectif Zhivaro à Montbéliard

La rentrée de la scène nationale de Montbéliard a enthousiasmé notre reporter.


Rentrée de l’Allan, Scène Nationale de Montbéliard, vendredi 14 septembre 2001.

Collectif Zhivaro et invités :
Didier Levallet + Henri Texier (cb), Claude Barthélémy + Gérard Marais (g), Jacques Mahieux (d, voc), Sylvain Kassap (cl), Jean-Luc Capozzo (tp), François Corneloup (bs), Michel Massot (tuba), Jean-Louis Pommier + Yves Robert (tb), Elise Caron (fl, voc), Jacques Bonnaffé (récitant, trompinette).

1. Lapointe. Sylvain Kassap.
2. No Lizard. Jacques Mahieux.
3. Federico Ciao. Gérard Marais.
4. Serengeti. Gérard Marais.
5. Nobody knows tou when you are down and out. Trad/ arr. Claude Barthélémy
6. Soudan. Claude Barthélémy.
7. Out of. Didier Levallet.
8. Syracuse. Bernard Dimey/Henri Salvador
9. La Belle au bois dormi. Elise Caron/Denis Chouillet
10. Sacrifice. Henri Texier
11. Silence. Charlie Haden/orchestration Sylvain Kassap
12. Ladie’s in Mercedes. Steve Swallow
13. Pas sages ! Sylvain Kassap
14. Je préfère les fleurs. Jacques Rebotier.
15. Cancao para ti. Pierre Leglise Costa/Claude Barthélémy
16. Sea Song. Robert Wyatt.
17. Munir. Claude Barthélémy.
18. Take the A Train. Billy Strayhorn/arr Didier Levallet
19. Soul Blues. Henri Texier.
20. Yu-Bin-Ha-Ga-Ki. Sylvain Kassap.
21. Comme une pluie chaude. Gérard Marais.
22. Lautir. Ken Mac Intyre.
23. Jeannette. Trad/arr Claude Barthélémy.
24. Kilebet Semec. Claude Barthélémy.
25. Right Place, Wrong Time. Dr John/arr Sylvain Kassap
26. Fever
27. Voyage en Tartarie. Didier Levallet.
28. Le travail des éléphants. Claude Barthélémy.
29. Togo. Ed Blackwell.

La soirée avait commencé par la rentrée officielle de la Scène Nationale de Montbéliard, l’Allan, et de son directeur, Didier Levallet, à l’hôtel de Sponeck (XVIII° siècle) dans le centre historique de la ville. Les musiciens se répartissaient au gré de leurs envies dans les différentes pièces de cet hôtel particulier. J’ai ainsi entendu Henri Texier dialoguer avec Sylvain Kassap puis Yves Robert jouer seul. Puis, tout le monde, musiciens et public, s’est dirigé vers le Palot Palot, ancien cinéma puis dancing, aujourd’hui scène rock de Montbéliard pour le buffet et le concert.

Vous trouverez le copieux programme dans la colonne de gauche.

Pendant ce temps là, Jacques Bonnaffé disait des textes d’André Malraux (discours d’inauguration de la Maison de la Culture d’Amiens), Hervé Prudon, Jacques Rebotier, André Franquin, Raymond Queneau, Jean Tardieu, Paul Verlaine et Arthur Rimbaud.

J’ai découvert Jacques Mahieux. Quelle chaleur, quelle variété de jeu ! Et une façon de chanter le blues qui n’appartient qu’à lui. Je suis sûr qu’il serait meilleur que le batteur des Eagles pour chanter « Welcome to the Hotel California ». Il chanta sur les n°5 et 25.

J’ai apprécié François Corneloup qui m’avait horripilé à Banlieues Bleues en 1999. De même pour Claude Barthélémy qui m’avait fait mal aux gencives au Mans en 1999. Il faut dire qu’il jouait alors avec Daunik Lazro. Horresco referens. Ce vendredi soir, à Montbéliard, il fut splendide, inspiré, notamment pour un « Ne pleure pas Jeannette » d’anthologie, survolé par la voix d’Elise Caron, qui me trotte encore dans la tête. Seul « Soudan », avec son pseudo orientalisme à la Gustave Moreau, m’a déçu.

« Out of » nous a valu une belle et grave discussion entre Dider Levallet et Henri Texier.

« Syracuse » m’a déplu. Mais je ne démords pas de la version d’Henri Salvador. Seul Yves Montand supporte la comparaison.Et encore. Aussitôt après, « La Belle au bois dormi » m’a enchanté. C’était bien le moins avec un tel titre.

Les titres 10 à 13 furent émouvants et élégants. Notamment « Silence » de Charlie Haden avec un joli duo de guitares. Sur le n°14, Jacques Bonnaffé lisait un texte de Jacques Rebotier sur les amours de l’épinoche pendant que Sylvain Kassap improvisait à la clarinette. Surréalistissime ! S’ensuivit un duo fusionnel et passionnel de Claude Barthélémy avec Elise Caron à vous faire oublier toutes les sucreries « dianakralleques » du monde. Tout l’orchestre accompagnait Elise sur une « Sea Song » de Robert Wyatt digne des impressions de Berlioz sur la mer d’Ecosse.

Pour le plaisir, « Take the A Train », immortel, beauté immarcescible revisitée par la fine fleur du jazz français. Le « Soul Blues » d’Henri Texier ne saurait porter un autre titre. Le n°20 au titre imprononçable nous valut un discours audible de Kassap et Corneloup aliés. Epatant,non ? « Comme une pluie chaude » de Gérard Marais dispensait la même ambiance que « La saison des pluies » de Serge Gainsbourg. C’est dire sa qualité.

Puis vint le n°23. Qui ne connaît en France, « Ne pleure pas Jeannette, nous te marierons » ? Mais joué comme ça, nom de Zeus, ça valait le déplacement. Il faut qu’ils l’enregistrent, que ça passe à la radio, que les enfants des écoles le chantent, que ça devienne l’hymne national des amoureux. Enfin, il faut que ça se sache. C’est du neuf avec du vieux et c’est SUBLIME. Le mot est faible. Minime même.

Un bon passage chaud, funky avec Jacques Mahieux déchâiné pour « Right place, Wrong time » de Dr John et Elise Caron, sensuelle à souhait pour « Fever ». L’orchestre nous fit rêver pour les numéros 27 et 28 avant de finir dans une orgie de sons chauds pour « Togo » d’Ed Blackwell. Sylvain Kassap dansait avec une spectatrice. Les cuivres jouaient au milieu du public.

Et avec tout ça, je n’ai pas parlé de l’énorme, que dis-je de l’immense Jean Luc Capozzo à la trompette, des trombonistes en folie, du tuba endiablé, du potentiel comique et absurde gigantesque de Jacques Bonnaffé (son spectacle en duo avec Eric Le Lann passera à Belfort cette saison), de la beauté d’Elise Caron.

Mais, je m’arrête là car je pourrai arler encore bien longtemps du concert festif et jouissif de rentrée 2001 à Montbéliard. Dans 50 ans, je compte bien bassiner mes petits enfants en radotant à propos de ce concert.

Longue vie à la Scène Nationale de l’Allan et à Didier Levallet, grand ordonnateur des félicités artistiques de Montbéliard !