Chronique

Compilations BD MUSIC (Nocturne)

Label / Distribution : Nocturne

Compilations BD MUSIC (Nocturne)

Célébrons comme le bouquet final de 2007 dans la collection BD Music du label Nocturne la livraison de ces quatre superbes compilations Best of BDJazz, Best of BDCiné, Best of The Girls et Best of Christmas. Quel bonheur de redécouvrir ces pépites accumulées avec patience par le directeur de la collection, Bruno THEOL, qui en assure aussi la sélection.

La thématique est claire et on retrouve les caractères propres à la série, BD-CD : notice chronologique, biographique et discographique détaillées.
Cette fois, chaque compilation comprend une BD confectionnée à partir d’un titre et d’une planche des principaux albums de la collection. Ainsi ce bel objet qu’est Best of BD JAZZ, que l’on aime à feuilleter tout en écoutant Don Byas dans le ravageur « The Man I Love », a aussi une vocation ludique et pédagogique. Prenons-le, il est parfait pour exercer ses talents en société dans un classieux « blindfold test » avec les incontournables qui jalonnent l’histoire du jazz, tels que l’irrésistible « entrain » de « Take the A Train » (Duke Ellington), le velours incomparable de Coleman Hawkins dans « How High The Moon » la version magistrale de « My Funny Valentine » par Chet Baker ; mais des outsiders se sont glissés pour piéger même les plus érudits : la version des Frères Moutin de « Stomping at the Savoy » en surprendra plus d’un …

On aimera aussi se laisser séduire par les « morceaux choisis » de Best of THE GIRLS, car il s’agit bien d’une anthologie de chanteuses, un panorama de ces Ladies du jazz où figurent au côté des grandes prêtresses du culte la triade « Ella, Sarah et Billie » d’autres figures tout aussi « royales » : Anita O’Day ( « Tea For Two »), Betty Carter (« I Could Write a Book »), Peggy Lee (« How Deep Is the Ocean »), Julie London (« I’m Glad There’s You »), Annie Ross (« I love Paris ». Quel plaisir d’entendre sur plus d’une heure ce palmarès des chansons de la belle époque du jazz, florilège enchanteur de ce qui comptait alors, entre 1933 (Mae West in « Easy Rider ») et 1959 (Marylin Monroe in « I Wanna Be Loved By You ») avec une décennie de rêve, celle des années cinquante : voilà une formidable concentration de talents : June Christie, Chris Connor, Blossom Dearie, Jo Ann Greer, Helen Merrill

Ajoutons que les planches donnent un autre aperçu, en complément de la lecture sonore, des sensibilités des graphistes d’aujourd’hui qui ont illustré à leur manière l’univers choisi.

Le Best of BDCINE est exemplaire de l’âge d’or de Broadway, des comédies musicales de Gene Kelly et de Fred Astaire : on se souvient de l’extraordinaire « Singing in the Rain » ou de l’entraînant « On The Town » (musique de L. Bernstein), du cultissime Wizard of Oz avec le thème immortel d’« Over The Rainbow » interprété par la toute jeune Judy Garland.

Les grandes icônes de l’écran, Marylin (“My Heart Belongs to Daddy”), Mae West (“I’m in the Mood for Love »), Marlene Dietrich (“La vie en rose”) ne sont pas oubliées, et on est même étonné d’apprendre que ce n’est pas Rita Hayworth, la bombe de Gilda, qui chante, en ôtant son long gant de satin noir « Put the Blame on Mame" mais Anita Ellis, tant Margarita Cansino était une artiste complète…

On ne dira jamais assez à quel point Woody Allen est précieux pour entretenir la mémoire de ce patrimoine musical, puisque la B.O. de chacun de ses films est un trésor pour les amateurs de jazz classique : dans Hannah et ses sœurs, le trompettiste Harry James joue un entraînant « I Have Heard that Song Before » et dans « Play It Again, Sam », le bon génie Woody ressort l’extrait du film de Michael Curtiz Casablanca, où le pianiste Dooley Wilson, devant une Ingrid Bergman frémissante, joue « As Time Goes By ». Mythique !

Comment choisir parmi tant de souvenirs ? Le directeur de la collection a fait ses choix et c’est ainsi que Johnny Guitar ou The Third Man figurent dans la liste des musiques de films inoubliables…

Enfin, bien de circonstance, la dernière compilation, Best of Christmas, consacrée aux fêtes de Noël, est tout à fait étonnante pour un public non anglo-saxon.

Si l’on connaît « Jingle Bells » ou « White Christmas » par Bing Crosby, on les entendra ici dans deux versions, par the Ravens et par Clyde McPhatter & the Drifters ; si on se souvient de « The Christmas Song », chanson de Mel Tormé, interprétée ici par Doris Day en 1946 et Nat King Cole en 1953, et si Dean Martin dans “The Christmas Blues” nous enchante comme d’habitude, on découvrira “Let It Snow, Let It Snow, Let It Snow” de Woody Herman en 1945 ; ou « Santa Claus Got Stuck in My Chimney » par Ella avec l’orchestre de Ray Brown en septembre 50. Et l’on comprendra à quel point le folklore de Noël est présent dans tous les pays qui célèbrent Santa Claus avec l’incontournable Bing Crosby dans « Rudolph The Red-Nosed Reindeer”. Tandis que Eartha Kitt chante « Santa Baby » et que Lightning Hopkins nous souhaite une « Happy New Year » en 1953, on se réjouira encore d’entendre l’inusable Satchmo qui comme toujours, se prête avec entrain, à la fête la même année, avec « Christmas in New Orleans » et « Christmas Night In Harlem », accompagné de l’excellent orchestre de Benny Carter. Rafraîchissant !