Chronique

DPZ

He’s Looking At You, Kid

Thomas de Pourquery (as, ss, voc), D. Zimmermann (tb), Maxime Delpierre (g), S. Daniel (elb), D. Aknin (dms), + sur 2 titres : J. Rouzaud (vln), A. Le Pape (vln), F. Maindive (alto), S. Balasse (violoncelle)

Label / Distribution : Nemo

Pourquoi un disque, un groupe, devraient-ils rentrer dans une case ? Nourri de toutes les influences de ses membres, DPZ ne fait pas le choix de la catégorisation mais celui de la musique avant tout. En ce sens, ce premier disque du quintet de Thomas de Pourquery et Daniel Zimmerman est une réussite. Les influences ont beau être nombreuses, les styles multiples et associés — que ce soit le jazz, le rock, la pop — tout est parfaitement digéré, assimilé, comme issu du cerveau d’un John Zorn…

Dès le premier morceau — qui donne son titre à l’album —, l’auditeur en prend plein les oreilles : la rythmique (Sylvain Daniel et David Aknin), est puissante et élastique, les guitares sont saturées, les soufflants donnent sans compter. Mais DPZ, c’est aussi la beauté d’une ballade alanguie (« Alix sans X ») magnifiquement servie par des cordes, suivie d’un groove meurtrier qui puise son originalité dans le décalage d’un équilibre qui semble précaire mais qui se maintient. Et puis il y a les guitares de Maxime Delpierre qui, sur « Mamelles », sonnent comme aux plus belles heures des Pixies, période Trompe Le Monde.

Au sein de ce melting pot, le jazz n’est jamais loin ; qu’il soit évident (comme sur « Australopithèques ») ou mêlé aux autres influences, il apporte l’ouverture, l’improvisation, l’instrumentation. On perçoit de plus un travail sur le son, l’utilisation des effets, de la distorsion, de l’énergie. Les arrangements, l’écriture mettent en évidence une musique prenante qui ne sonne jamais comme le fruit d’une quelconque mode. Enfin, que serait un projet de Zimmerman / de Pourquery sans l’humour ? Pour cela il faut écouter « Nicht Nein My Love » : Tom Waits rencontrant 17 Hippies au milieu de jazzmen déjantés…

Décidément, la scène jazz française regorge de groupes sachant puiser aux sources du rock et de la pop (RockingChair, Cannibales & Vahinés… ou DPZ). Auditeurs sans œillères, curieux de ce qui se fait, jetez vous sur ce premier disque d’un groupe qu’il faut aussi, absolument, voir en concert !