Chronique

Dave Douglas & Frank Woeste

Dada People

Dave Douglas (tp), Frank Woeste (p, Fender Rhodes), Matt Brewer (b), Clarence Penn (dm)

Label / Distribution : Greenleaf Music

Frank Woeste et Dave Douglas se lancent aux trousses des dadaïstes et notamment de Man Ray, artiste emblématique, américain d’origine juive ayant vécu dès les années 20 en France, époque où l’antisémitisme montait fortement.
Sur un répertoire partagé entre les compositions des deux leaders, les quatre musiciens ont basé leur travail sur ces quelques questions : que pourrait être une musique qui reflète les quêtes Dada et surréaliste ? Qu’est-ce que cela signifie, être américain ? Qu’est-ce que cela signifie, être français ?
Au fil de dix morceaux dont la variété et la qualité constituent l’un des intérêts majeurs de ce disque, le quartet prend plaisir à jouer : jouer avec des chausses-trapes au sein des compositions, jouer des relations internes au groupe, jouer de références aux artistes de l’époque - tels Man Ray, Paul Eluard, Erik Satie - et aux lieux qui l’ont marquée (Montparnasse). A la suite des surréalistes et des dadaïstes, Douglas et Woeste embarquent Matt Brewer et Clarence Penn dans cette aventure musicale réussie. Le pianiste et le trompettiste démontrent une vraie complémentarité et une entente riche. Il en est de même pour leurs compositions qui, bien que portant clairement la signature de Woeste ou de Douglas, forment une suite cohérente, pleine de surprises et ouverte à des ambiances différentes. Voilà que le prétexte d’origine donne naissance à une œuvre à part entière qui n’est pas simplement un hommage « vide » à Dada mais un véritable album : ce Dada People est construit, réfléchi et parfaitement interprété.