Chronique

David Patrois Quintet

Live

Label / Distribution : Arts et Spectacles

À la tête d’un quintet attachant, le vibraphoniste David Patrois, auteur de la plupart des titres, révèle sur ce disque enregistré live au théâtre de Viviers (Ardèche) en 2009 un arrière-pays attachant. Ce n’est pas pour rien que le grand Jack DeJohnette voit en lui l’un des meilleurs improvisateurs et compositeurs de l’instrument… Ses compositions (6 sur 9 titres), éperdument mélodiques, sans débauche d’effets, de rythmes ou d’ornements superflus, sont empreintes d’une vraie grâce, tel ce « Peaceful Jack » qui confine à l’éblouissement. Troublant !
On reconnaît bien ici la manière virtuose, sensible, enjouée de ce qui est cette fois un véritable quintet, et non plus « trois plus deux » comme l’indiquait le sous-titre de l’album précédent, Il sogno di Diego (Cristal, 2007).
Une formation sans piano ni basse, donc, mais particulièrement originale sur le plan des timbres et des sonorités : au trio de base (vibraphone/marimba, batterie, saxes) viennent se joindre deux musiciens particulièrement « allumés », inventifs si vous préférez, le tromboniste Sébastien Llado et le guitariste Pierre Durand. L’alchimie de la musique tient au subtil dosage des interventions de solistes généreux qui se savent se fondre dans un collectif soudé et puissant. La plupart des interventions de Jean-Charles Richard au saxophone sont à la fois voyage, exploration et recherche, épaulées par les zébrures du tromboniste, toujours vif argent. Son « aube de girafes » donne un passionnant solo de batterie à Luc Isenmann, suivi des envolées électrisantes de la guitare de Pierre Durand, délicieux à suivre également sur « Vaujours ».

Une décontraction savante et ludique à la fois, qui ne parvient pas à cacher un authentique travail de placement et de répartition des rôles pour une formule colorée, exotique, qui tend vers l’Afrique, l’insularité (ce reggae à 7 temps « 7 for reggae » ou « La javanaise » finale reprise en biguine). Une musique joyeuse, légère et libre où poésie et lyrisme sont des composantes essentielles. C’est l’art précieux de la nuance que David Patrois distille dans ses compositions « spatiales » (« Hal 9 000 Intro »), ou encore dans les superbes envolées de « Demi teintes », délicatement intimiste. Les pièces sont des miniatures, bibelots raffinés que l’on écoute en toute quiétude, envoûté par un beau savoir-faire aux mailloches. Le tout est plaisamment rebondissant, du vrai « djaz », des pièces qui groovent intelligemment, (« Freedom Jazz Dance »). Très bien servi par sa qualité d’enregistrement, ce live offre une musique amoureuse, tendre et énergiquement rythmée.