Chronique

Denis Colin et Ornette

Univers Nino

Denis Colin (bcl, cl, arr, voc) ; Ornette (voc, claviers) ; Diane Sorel (voc) ; Antoine Berjeaut (tp, bugle) ; Julien Omé (g, voc) ; Théo Girard (b) ; François Merville (dm)

Label / Distribution : Cristal Records

Pour sa première incursion dans la chanson française, Denis Colin est passé, non pas par l’entremise de sa tante Artémise, mais par celle de Nino Ferrer. Une incursion en douceur, car la chanteuse et claviériste Ornette a pris l’intelligent parti de ne pas faire écho à la voix rauque de monsieur Ferrer, laissant les instruments prendre en charge les élégantes aspérités qui parfois se nichent dans ce répertoire. Celui-ci comporte bien des facettes de valeur, malgré l’inégale renommée que la postérité leur a attribuée. Et si Univers Nino emprunte quelques chemins évidents (« Mirza », « Les Cornichons », « La rua Madureira »), il ne craint pas pour autant de s’aventurer dans des recoins plus obscurs mais tout aussi précieux.

De ces explorations, on revient les mains pleines des trésors de toutes provenances : de l’italianité joyeuse qui vous entraîne d’emblée jusqu’aux sons de basses, lointaines cousines du « Forest » de The Cure, qui encadrent « The Garden », jusqu’à l’orgue psychédélique qui course une guitare aux allures krautrock faite pour se poser sur les épaules de « Métronomie. »

Mais il faut résister à la tentation d’inventorier exhaustivement les trouvailles qui parsèment ce disque de réinterprétation, enregistré chez le maître même en son domaine de Taillade (Lot). Car au fond, il serait fâcheux de fournir un guide alors que le plaisir tient pour une bonne part à la redécouverte. On se bornera donc à décrire l’essentiel : ces nouveaux atours ont le double avantage de convenir parfaitement aux modèles d’origine, d’une part, et d’autre part, de montrer à quel point l’homme qui les a conçus regorgeait de talents.