Scènes

Didier Lockwood en 4 * 3

Le quartet de Didier Lockwood le samedi 17 avril 2004 à l’Espace Delta, Pleurtuit, Bretagne, France.


Didier Lockwood récapitule dans sa tournée actuelle « 30 ans de carrière, 30 albums, 3000 concerts, 3 tours du monde, 3 épouses et 3 enfants ». Et tout cela en quartette…

Didier Lockwood : violon
Stéphane Guillaume : saxophones, flutes, chant
Benoît Sourisse : orgue Hammond
André Charlier : batterie

C’est à Pleurtuit que se trouve l’aéroport de la Côte d’Emeraude, qui permet aux Parisiens et aux Londoniens d’arriver au plus vite dans leurs villas de Saint-Malo, Dinard et autres stations balnéaires. La commune est riche. La salle est belle, grande (1000 places à vue d’oeil) avec une bonne acoustique.
Didier Lockwood venait présenter son dernier album « Globe Trotter », résumé de ses voyages et de ses rencontres.
Première partie en quartette. Deuxième partie en solo, ce fameux solo de Lockwood « Les mouettes » qu’il module sans cesse depuis vingt ans et vient enfin d’enregistrer sur son dernier album. Puis rappel en quartette.
1. « Birds in the Kitchen » (Sourisse). Un jazz celte. Normal pour un concert en Bretagne.
2. « Tango tanguant » (Lockwood). C’est un hommage à Astor Piazzola, à la fois dansant et indansable, si vous voyez ce que je veux dire.
3 « Nathalie in Paradise » (Lockwood). Ballade composée en souvenir d’une amie d’enfance de Lockwood récemment disparue. C’était sûrement quelqu’un de bien vu ce que j’entends.
4. « Pyramide » (Lockwood). Hommage à Miles Davis. Stéphane Guillaume joue avec un son shorterien au soprano puis au ténor. Lockwood se permet de jouer de la trompette en sourdine Harmon. Ce n’est pas son instrument de prédilection mais le geste est émouvant.
5. « Somewhere at East » (Sourisse) Morceau inspiré par l’aurore vue d’avion. Ça commence comme une ballade et finit par un duo de feu hendrixien, entre violon et batterie.
6. Une composition d’André Charlier, dont j’ai oublié le nom, mêlant trois rythmes différents : chaabi (Maghreb), Maloya (Réunion), Bikoutsi (Congo). Organiste et batteur s’amusent comme des petits fous en jouant avec les rythmes.
7. « Les mouettes » Lockwood. Lockwood prend un violon en plastique bleu fluo, électrique, et nous dévoile ses impressions de voyage à travers les cultures du violon, du Viêt-nam à la Hongrie, de l’Arabie à l’Italie et autres contrées. Beaucoup d’effets spéciaux mais jamais spécieux. Ils ne nuisent pas à la lisibilité du discours. Certains passages devraient passer sur les dance floors. Le thème marin évoquant les mouettes, les vagues, la corne de brume est tout à fait approprié ici, à 5 km au sud de la Manche.
Lockwood grimace, se tord, s’enroule et se déroule en suivant son archet. Qui conduit l’autre ? Cela se termine par une chevauchée dans la steppe d’Europe centrale pour laquelle Lockwood joue dans le public et l’emmène avec lui.
8. Rappel. Un chourinho, morceau brésilien (Sourisse). Ça balance terrible. Le morceau s’accélère sans cesse jusqu’au paroxysme final.
9. Rappel. Un morceau funky improvisé. Le sax ténor, l’orgue et la batterie nous emmènent à New York, USA, pour finir notre voyage immobile.

par Guillaume Lagrée // Publié le 2 août 2004
P.-S. :

Une salle municipale luxueuse, un public familial pas habitué au jazz (les gens ne savaient pas quand applaudir)… pas évident au départ. Mais Lockwood et ses musiciens, avec leur sens pédagogique, leur goût de la fête, leur fraîcheur, leur créativité ont emmené tout ce monde avec eux. Un voyage inoubliable.