Chronique

Don Byron

Don Byron - A fine line

Don Byron (cl, bcl), Uri Caine (p), Jerome Harris (b, g), Paulo Braga (d, perc), Patricia O’Callaghan , Mark Ledford, Dean Bowman, Cassandra Wilson (voc)

Label / Distribution : Blue Note

L’art des lieder et des arias dépassé ? Pas du tout vous répondrait Don Byron, et il vous le prouve avec ce disque sorti il y a un an déjà chez Blue Note ! Et si cet art a perduré, il ne faut pas s’étonner de voir se côtoyer ici Robert Schuman et Stevie Wonder par exemple.
Sur ces improbables rapprochements, Patricia O’Callaghan chante sur une grande partie du disque et la diversité de son registre est assez stupéfiant. Sa prestation sur « Glitter and be gay » de Bernstein en cantatrice sautillante est franchement réjouissante.
Pour ponctuer chacun de ces airs, des duos (avec son vieux complice Uri Caine) en forme de respiration où Don Byron se rapproche d’une voix juste, sobre et profonde.

Etonnant parcours que celui de ce clarinettiste qui passe allégrement d’un genre à l’autre (musique Klezmer, Funk, Free…) avec une attitude à la fois fraîche et respectueuse. Ici les morceaux ne sont pas dénaturés pour sonner forcément « actuels », mais caressés, joués avec humilité. Pas de tentatives de modernisme douteux donc. C’est l’élégance qui prime sur cet enregistrement.
Au fil des écoutes on sera enchanté par la diversité des climats et des arrangements ; la mélodie pouvant être jouée à l’unisson ou ponctuée, enlacée par les pétillants contrechamps du leader. Comment ne pas frémir sur les harmonies de « Soldier in the rain », qui font ressembler cet air à un troublant chant de Noël ou encore être titillé par l’espièglerie de Cassandra Wilson sur « The ladies who lunch » ?

La question est maintenant de savoir sur quel terrain Don Byron entraînera l’auditeur pour ses prochaines expériences. Souhaitons lui de nous surprendre agréablement une fois encore.