Chronique

Donarier & Quintans

Sun Dome

Matthieu Donarier (ts, cl), Santiago Quintans (eg)

Label / Distribution : Clean Feed

Pour la plupart pensées dans le moment, les pièces courtes de ce disque peuvent également s’envisager comme une suite ou comme des variations composant un paysage plus large. Les rares compositions qui s’intercalent, désavouant une distinction artificielle entre écriture et improvisation, confirment que prime, avant tout, comme facteur de cohérence, le geste musical ; la liberté devenant son exhausteur le plus enivrant.

Adepte des duos (Wood avec Sébastien Boisseau, Kindergarten avec Poline Renou, Planetarium avec Albert van Veenendaal) dans lesquels il trouve l’intimité nécessaire à l’épanouissement d’un son générateur de narration, Matthieu Donarier marque de son style personnel intrigant, sa collaboration avec le guitariste espagnol Santiago Quintans. Installé dans l’Ouest de la France depuis plusieurs années, ce dernier, leader du trio (au côté de Donarier toujours et de Jean-Louis Pommier), Tip Trick ou en duo au côté du contrebassiste Paul Rogers, déploie un savoir-faire affiné en exploitant toutes les possibilités de son instrument. Enseignant au Conservatoire National de Paris, aussi à l’aise dans le rock que la musique contemporaine, il est notamment un adepte averti de la musique spectrale.

Ce travail sur la texture et les climats immobiles se retrouve bien évidemment dans Sun Dome où les tessitures de la six-cordes électriques et du saxophone se mêlent dans une confusion maîtrisée sur quelques titres d’une beauté glacée.

Il ne faut pas, pour autant, limiter le contenu à ces plages en apesanteur même si elles semblent constituer la genèse ou l’aboutissement d’un propos plus articulé. S’il est vrai que la dualité traditionnelle accompagnateur-soliste n’a pas lieu d’être, la complémentarité est de mise mais se situe, plutôt, dans la recherche d’une même ligne d’horizon à atteindre.

Empruntant des chemins qui divergent ou se recoupent lors de poursuites sinueuses, le duo travaille des intervalles tendus à la pureté cristalline et façonne une matière compacte à laquelle il donne un mouvement contradictoire puisque tout à la fois engourdissant et incisif. Sous la froideur brûle une lumière intense.