Chronique

Durio Zibethinus

Poissons frais

Quentin Biardeau (ss, as, ts, cl, fl, perc, objets), Valentin Ceccaldi (cello, grosse caisse, piano à lames, tube PVC)

Label / Distribution : BeCoq

Entre les condiments de la Petite Moutarde de Théo Ceccaldi et les poissons frais du présent enregistrement, c’est dans la cuisine (et dans la nature) que les membres du « Tricollectif » ont décidé de jouer en ce moment. On trouvera difficilement des liens significatifs et musicaux entre « Carpe », « Gardon » ou le plus rare « Porte-Épée-nain », mais chacun sait que la question n’est pas là, même si, à forcer ainsi la porte des schubertiades, on se doit de ne jamais oublier « La Truite » d’une part, et sa façon de glisser dans l’eau (et dans les mains quand vous l’avez saisie) d’autre part.

Dans « Carpe », Quentin Biardeau et Valentin Ceccaldi déploient un univers de sons graves et de souffles, qu’ils enrichissent lentement de sonorités plus percutantes, faisant monter la tension avant le retour au silence du monde. C’est la pièce la plus longue du disque, à la fois tellurique et aérée. « Porte-Épée-nain » joue davantage sur les micro percussions, et « Gardon » sur des ambiances de forge. Une multiplicité d’instruments (voir la liste !) maniés avec dextérité et un brin d’ironie. « Silure-Spatule Esturgeon » évoque plus (pour moi) la basse-cour que le bocal, à moins que quelque insecte insistant ne vienne troubler l’écoute. Quant à « Amie Chauve », elle repose sur un dialogue entre soprano et pizzicatos de violoncelle, simple et droit.

Le dialogue que Quentin Biardeau et Valentin Ceccaldi ont entamé, s’il laisse parfois un peu trop de place au côtés récréatifs de la musique (mais il en faut !) est de ceux qui attirent et retiennent l’écoute, au-delà même des sourires qu’ils peuvent déclencher. Ce disque est attachant, non comme un poisson dans une poêle, mais comme un objet musical un peu bizarre qu’on revient visiter souvent. A suivre…