Scènes

Effendi Records

Le label québécois qui canalise les énergies.


La création d’un label de jazz est toujours une bonne nouvelle. Surtout quand cela se produit à Québec. Effendi Records est exemplaire à plusieurs égards. Ne ratez pas leurs productions quand elles seront régulièrement distribuées chez nous. En attendant, vous pouvez acheter leurs disques sur le net en toute tranquillité.

Prenez d’une part un contrebassiste autodidacte québécois du nom d’Alain Bédard qui, par un sort funeste, n’est provisoirement plus physiquement en mesure d’exercer ses talents. Trouvez-lui un environnement protecteur qui lui permet de s’initier au doux métier d’ingénieur du son pendant sa maladie. Ajoutez d’autre part de jeunes musiciens brillants et fougueux. Mélangez le tout et vous obtenez une des « étiquettes » les plus créatives qui soient de ce côté de l’Atlantique. Car, chez ces gens-là, Monsieur, on ne dit pas « label », mais « étiquette ».

C’est ainsi, hardiment résumé, qu’Alain Bédard et Carole Therrien ont créé le label Effendi Records en 1999. Qu’Alain Bédard ait été influencé par « Effendi », le thème de McCoy Tyner, cela est indiscutable. Qu’il se positionne en égal vis-à-vis des musiciens qu’il signe, voilà ce qui fait la force de ce label. Car on est ici plus proche du collectif de musiciens que du label traditionnel avec son directeur artistique.

Si les noms de Steve Amirault, d’Yves Léveillé ou de Sylvain Provost ne vous disent encore rien, celui de Yannick Rieu, qui franchit fréquemment l’océan pour jouer dans nos contrées, vous est peut-être plus familier. Et vous découvrirez très bientôt la fougue de Joel Miller ou le toucher subtil de Thüryn Von Pranke.

Avec quatorze galettes produites en dix-huit mois, on peut dire que le sympathique Alain Bédard ne chôme pas. Et quand on sait qu’on nous annonce des enregistrements avec le pianiste Bill Carrothers ou le contrebassiste Miroslav Vitous, on en frémit d’aise en se demandant quand ces belles oeuvres seront enfin distribuées chez nous.

D’autant que notre Alain Bédard n’entend pas en rester là, lui qui a fait sienne la formule de la « force tranquille ». Il compte bien développer les échanges musicaux, dans tous les sens du terme, entre le vieux continent et la Belle Province.

Bon vent, Alain !