Scènes

Enrico Pieranunzi à Nice

18 avril 2015. Salle comble pour une formation inédite


Photo © C. Charpenel

Le public jazz de Nice et de sa région découvre la salle du Forum Nice-Nord, qui va remplacer jusqu’au milieu 2016 la mythique salle Grappelli.

Première partie assurée par le Fred D’Oelsnitz Trio, vainqueur du Tremplin Nice Jazz Festival 2014, ce qui lui vaudra d’assurer la première partie de Cassandra Wilson en ouverture de l’édition 2015, le 7 juillet prochain, sur la scène du Théâtre de Verdure. Mais tous les records sont battus pour l’étonnant trio du pianiste romain Enrico Pieranunzi avec André Ceccarelli (batterie) et Thomas Bramerie (contrebasse). Pour ce dernier, complice habituel d’un autre pianiste de talent, le belge Eric Legnini, c’est une première. Mais dès les premières notes, à la répétition, il s’est totalement intégré dans l’univers et le tempo du maestro, récoltant aux passage les compliments de son ami batteur, le niçois « Dédé » Ceccarelli.

Enrico Pieranunzi Photo © Chr. Charpenel

Le concert est chargé d’une émotion particulière due à la présence, au premier rang, de Jean Ceccarelli, dit Jeannot, patriarche de cette tribu de batteurs, lui même ancien batteur, venu écouter son rejeton de soixante-neuf ans [1]. Celui qui a accompagné Dee Dee Bridgewater pendant de nombreuses années et été à deux reprises le parrain du Nice Jazz Festival, nous a époustouflés par son énergie, se lâchant complètement dans ses chorus comme aux plus belles heures de sa carrière. Métamorphosé ! Pour l’avoir souvent vu en compagnie d’Eric Legnini ou dans d’autres registres, on ne s’étonne pas de la remarquable prestation de Thomas Bramerie, qui n’avait peut-être pas joué avec un pianiste aussi exigeant que Pieranunzi.

Le trio est chaleureusement applaudi pour sa version du célèbre « Yesterday ». « Il professore » subjugue le public par son toucher et l’intensité émotionnelle que traduisent ses grimaces de concentration extrême ; elles cèdent de temps en temps la place à des pauses durant lesquelles il se montre très attentif aux solos de ses compères d’un soir.

« J’ai la chance de jouer ce soir avec deux musiciens extraordinaires qui sont deux amis » avoue-t-il. Il ajoute que D’Oelsnitz, venu le saluer dans sa loge, lui a confié qu’il a grandi en écoutant New Lands. « Je lui ai répondu que c’était touchant mais que l’album datait de trente ans ! ». Éclats de rire du public, qui a bien senti l’humour de l’Italien et est de toute façon tombé sous le charme dès les premières notes, et qu’un rappel récompensera de son torrent d’applaudissements.

par Philippe Déjardin // Publié le 4 mai 2015

[1Il était remonté sur scène – à 88 ans - avec ses fils et son petit-fils lors du Monte Carlo Jazz Festival en 2010 à l’Opéra Garnier.