Chronique

Eric Legnini & The Afro Jazz Beat

The Vox

Eric Legnini (p, key), Franck Agulhon (dm), Thomas Bramerie (b), Krystle Warre (voc, g), Da Romeo (eg), Kiala Nzavotunga ( eg), Boris Pokora (ts, bcl, fl, bs), Julien Alour (tp), Jerry Edwards (tb), Okutu Moses (perc)

Label / Distribution : Discograph

Eric Legnini nous avait promis un changement de cap après sa trilogie Miss Soul, Big Boogaloo et Trippin. Il disait vouloir se tourner davantage vers l’Afrique, voire y trouver une chanteuse du côté du Mali, s’enfoncer encore un peu plus dans la soul, le funk et le gospel. A l’écoute de The Vox, on peut dire qu’il tient à moitié ses promesses. La chanteuse africaine qu’il cherchait vient de Kansas City et s’avère plutôt folk-pop. De la soul il y en a, du funk aussi, mais à petites doses - pas vraiment plus qu’avant.

Bien sûr, il y a les références à Fela Kuti ou Tony Allen avec « Black President », et du funk sauce British, avec « London Spot » qui se construit - ou du moins tourne - autour d’un motif simple et obsessionnel. Et puis, il y a « The Vox », le morceau d’ouverture accrocheur. Avec des cuivres rutilants au parfum de blaxplotation, un groove un peu sale, un Fender canaille : ça transpire et ça donne envie.

Mais Legnini ne prend pas le virage annoncé, se contentant de longer les rives du continent noir. Pourtant, la pochette, tel un bouclier de la tribu songyé, évoque instantanément l’art africain, et le nom du groupe, Afro Jazz Beat, ne laissaient que peu d’équivoque. Aors ? Fausse piste ?

Alors, il reste The Vox, la voix. Celle de Krystle Warren, grave et d’une sensualité irrésistible, dorée d’un grain et d’une personnalité indéniables. Et si elle ne chante pas sur le morceau titre, elle ensoleille « Joy » avant de laisser traîner son blues sur « The Old And The Gray ». Et, insidieusement, nous ramène plus sur le continent américain - « I Need You » ou « The Old And Gray » se déclinent en ballade folk - tandis que « Near The House On The Hill », mélancolique reprise de « Nightfall » (sur Big Boogaloo), nous ramène au Legnini d’avant. Son toucher est toujours aussi aérien, étincelant et fougueux. La contrebasse de Thomas Bramerie est nerveuse et le drumming découpé, musclé, tailladé est assuré par un Franck Agulhon en grande forme. On n’enlèvera pas non plus à Legnini ce don évident pour l’écriture et l’arrangement de mélodies simples et efficaces.

Si The Vox n’est pas vraiment le début d’une nouvelle histoire, il prolonge, en tout cas, le plaisir commencé voici plus de cinq ans.