Chronique

FDH trio

Le Free du Hazard ?

Thibaud Dufoy, p ; Arnaud Dolmen, dr ; Elvin Bironien, b ; Jacques Schwarz-Bart, s

FDH trio, anciennement Free du Hazard, est une formation toulousaine qui existe depuis 2007 mais qui a véritablement démarré en 2009. A sa tête, même si les compositions et les arrangements tendent à ne plus être de sa seule main, Thibaud Dufoy, un jeune pianiste qui développe un jeu véloce, plein de vitalité. A l’écoute de ce premier album - et, croisons les doigts, de ceux qui vont suivre -, il faut s’imaginer les sauts et les bonds qui l’animent, voir ses doigts filer à toute allure sur le clavier, et se laisser porter par les mélodies et l’énergie qui les accompagnent.

Sur « Solea », « Nonotime », « Idriss », comment ne pas entendre des similitudes avec Esbjörn Svensson ? La comparaison est certes flatteuse, mais l’utilisation répétitive et crescendo du thème qui envahit l’espace avant de se décliner, en même temps que monte une inéluctable puissance, tout cela évoque vraiment le jeu du défunt Suédois. De longues plages permettent l’exposé très progressif du thème. Pensez donc, ces trois morceaux durent chacun plus de huit minutes ! Quand Arnaud Dolmen à la batterie ou Elvin Bironien à la basse électrique prennent un chorus, c’est ce même thème qui, en support, est répété au piano de manière presque machinale.

Pour ce premier album, le trio a convié Sonny Troupé, batteur et percussionniste d’origine guadeloupéenne, ainsi que le percussionniste Mino Cinelu et le saxophoniste Jacques Schwarz-Bart. Des invités prestigieux, mais ce n’est pas ce qui fait la qualité du disque. On sent le trio soudé par une collaboration remontant à plusieurs années : en 2007, ils avaient à peine plus de vingt ans ! L’intervention de Jacques Schwarz-Bart sur « Collostrum », où il double le thème joué au piano avant de partir dans un beau solo, trouve un écho dans celles de Bironien puis de Dufoy, qui sont d’une facture semblable. Arnaud Dolmen joue avec Jacques Schwarz-Bart, ce qui a certainement facilité la rencontre, mais on peut aussi penser que la présence du célèbre saxophoniste marque son intérêt pour le trio.

Apportons tout de même un bémol : pourquoi avoir transformé « Free du Hazard » en « FDH trio » ? On peut regretter l’ancien nom en forme de clin d’œil, teinté d’humour potache. Ou trouver que le nouveau rappelle certain fameux trio suédois. Mais non : c’est, plus prosaïquement, pour éviter l’amalgame avec le « free », susceptible de tromper l’auditeur ou le spectateur qu’il ne faut pas manquer d’être.