Chronique

Franck Tortiller/François Corneloup

Singing Fellows

Franck Tortiller (vib, marimba), François Corneloup (bs)

Label / Distribution : MCO

La longue complicité qui relie les deux musiciens aura servi (entre autres) à peaufiner ce petit bijou de disque, aussi séduisant que nonchalamment profond, capable de vous distraire aussi bien que de vous retenir, de vous faire voyager depuis votre siège, mais aussi de vous faire lever pour esquisser quelque pas de danse.

Une fois n’est pas coutume, les titres des morceaux, tout aussi arbitraires que d’habitude, esquissent un vrai parcours : de « l’esprit d’escalier » au « presque rien », une manière de « walking fellows » qui peut conduire aux « dernières brumes », et même au « temps gris ». Quant à la « valse à deux têtes », elle surgit comme une « leçon des jours » et vous accompagne jusqu’à « la nuit est un son ». J’ai gardé pour la fin la merveille des merveilles, qui m’émeut presqu’autant que la mélodie de Jacques Ibert (« La Mort de Don Quichotte » adressée à Sancho), et titrée du simple prénom du compagnon du chevalier à la triste figure. Comme quoi, même au coeur d’un disque qui fait semblant de légèreté, c’est comme les Grecs selon Nietzsche : « légers, oui, mais par profondeur ». Vibraphone, marimba, métal, bois, souffle et roseau. Et si ça passe près de chez vous, ne manquez pas.