Chronique

Fred Frith/Darren Johnston

Everybody/s Somebody/s Nobody

Fred Frith (g), Darren Johnston (tp)

Label / Distribution : Clean Feed

Dès la première phrase, Darren Johnston me rappelle Lester Bowie. D’une façon tellement manifeste, évidente, transparente, que cela me cloue sur place à chaque fois. Et allez savoir pourquoi ! Une certaine épaisseur de timbre, une certaine retenue aussi, une manière de peaufiner dans la douceur. Et comme ce qui suit ne dément jamais cette marque première, le dialogue entamé entre Fred Frith et son compagnon d’un jour tient en haleine jusqu’au bout. « Luminescence » en donne une illustration parfaite, avec la pulsation discrète qu’entretient la guitare, les échanges bien posés avec la trompette (ouverte ou avec « Harmon »), cette espèce de musique de plage qui surgit, venue de provinces à la fois proches et éloignées.

Réunis en vue d’une musique à danser pour un film, les deux instrumentistes ont poursuivi un dialogue qui semblait d’évidence, et ils ont bien fait. À la tête de formations diverses et de projets multiples, Darren Johnston (d’origine canadienne) me fait aussi penser au Dave Douglas des débuts, celui qui nous charmait avec son ciel de nuit, et son Tiny Bell Trio. Un simple coup d’oeil à son site et aux enregistrements déjà effectués laisse rêveur sur la quantité de très belles musiques produites aujourd’hui un peu partout dans le monde. Et qui nous échappent la plupart du temps. Alors saisissons nous de celui-là ! Car c’est un « must » des dernières parutions du label Clean Feed, assurément.