Chronique

Gaby Moreno

Illustrated Songs

Label / Distribution : World Connection/ Paisly Records

A Vienne cet été, la jeune femme n’était pas passée inaperçue. Deux concerts, deux succès, dont un au Club de Minuit à la clientèle plus férue de jazz que de calypso. Aujourd’hui, Illustrated Songs est dans les bacs.Est-il besoin de préciser qu’on y retrouve toutes les qualités du concert, moins - évidemment - ce qui fait le charme du live ?

Gaby Moreno est avant tout adepte d’une soul qui ne renie rien de ses origines (guatémaltèques - elle est étasunienne d’adoption), mâtinée de rhythm’n blues (« Mess A Good Thing »), de rock, et d’un zeste de country latino. Saupoudrez d’un peu de cha-cha, de calypso-Caraïbes et de comptines et, enfin de quelques thèmes langoureux propices aux nuits d’été, et vous aurez Illustrated Songs : quinze chansons dictées par une voix tour à tour caressante et canaille, faciles à retenir, bien mises en boîte, en anglais le plus souvent mais aussi en espagnol, surtout quand on aborde le registre sentimental (Ah, cet « Y tu Sombra » ! Umberto Tozzi n’a qu’à bien se tenir). Mais il y a plus : elle adore bousculer ses propres lignes ; j’en veux pour preuve « Mean Old Circus », sur lequel elle ne cesse de passer d’un rythme à l’autre, soutenue par un orgue pleureur et un accordéon facétieux, ce qui relance constamment l’intérêt.

Derrière elle, à peu près le même quintet que sur scène, efficace et dévoué avec, en sus, des cuivres qui ont fait leurs classes dans la sphère du rhythm’n blues. Sans révolutionner le genre, Gaby Moreno leur tient tête et apporte en sus fraîcheur d’interprétation et justesse d’intonation. A quoi bon énumérer les thèmes ? Ils forment un ensemble homogène qu’on prend plaisir à déguster : basse insistante, guitares assidues, cuivres en alerte constante. Tout juste manque-t-il le rappel que la jeune femme s’amuse à balancer au sortir de la scène : le « Laisse tomber les filles » de Gainsbourg, mais chanté « rock », avec un petit accent d’Amérique centrale. Chanson féminine s’il en est ?