Gaël Horellou Quintet

Coup de Vent

Gaël Horellou (as), Jeremy Pelt (tp), Etienne Décofin (p), Viktor Nyberg (b), Antoine Paganotti (dm)

Distribution / Label : Fresh Sound Records

L’un des saxophonistes altistes les plus brillants de l’Hexagone signe ici un album de post-bop d’une facture excellente. Gorgé de swing, ce disque déborde de phrases mélodiques qui nous conduisent au cœur de la tempête, alternant le chaud et le froid.
A la fragilité feinte du jeu de Gaël Horellou (dont le sens du blues ne fait jamais défaut) répond la trompette enlevée de l’Américain Jeremy Pelt, à la verve plus que funky. Les deux soufflants prennent plaisir à conjuguer l’excellence de leurs jeux respectifs : entre le saxophone tantôt gracile tantôt « honker » (hurleur façon rhythm’n’blues) qui rappelle le jeu d’un Jackie McLean et la trompette féline débordant de mélismes façon Freddie Hubbard, on est pris dans un maelström de sensations contrastées.
Soulignons la grande sensibilité du pianiste, Etienne Décofin, qui se voit gratifié de quelques chorus redoutables, ainsi que les terribles appels et réponses du batteur, cependant que le contrebassiste tient les murs de la maison avec superbe.
Des thèmes qui résonnent comme autant d’hymnes, des « specials » (ces parties musicales qui agrémentent un morceau et rompent l’enfilade monotone des solos) rappelant le meilleur d’un Gigi Gryce ou d’un Tad Dameron, des pédales (ces moments où l’on lance un solo et où le groupe tourne sur un seul accord) diablement efficaces : telles sont les recettes de l’ensemble.
Trop souvent catalogué comme « bopper » (alors qu’il a commis quelques essais électro ou maloya), le leader sait ici conjuguer différentes facettes du jazz le plus actuel, sans renier le patrimoine « modal », comme le prouve ce « Moral de Fer » (clin d’œil au « Giant Steps » de Coltrane ?) et les tensions du bop (magistral « The Gale Force »).
Conjuguant traditions récentes et quête de la modernité, ce quintet signe là un redoutable album de jazz post-moderne.