Chronique

Gerardo Núñez - Ulf Wakenius

Jazzpaña Live

Gerardo Núñez (flamenco g), Ulf Wakenius (jazz g), Chano Dominguez (p), Ramón Valle (p), Omar Rodríguez Calvo (b), Liber Torriente (dm), Christof Lauer (ts), Cepillo (perc)

Label / Distribution : ACT

La rencontre entre le jazz et le flamenco ne date pas d’hier. On citera évidemment les disques de Miles Davis enregistrés avec le concours de Gil Evans, mais aussi ceux du premier quintette, sans oublier « Ole » de John Coltrane ou, dans un registre plus anecdotique, « La Virgen de La Macarena » de Duke Ellington. Il y a aussi Gerald Wilson qui était fasciné par la culture espagnole, et tant d’autres puisque, il faut le rappeler, la Louisiane a été espagnole après avoir été française, et le « latin jazz » ne date pas de Gillespie ou Chano Pozo, mais de… Jelly Roll Morton. Il y avait dans ces années-là, au tout début, quelque chose entre le tango et le swing qui les rendaient cousins au premier degré.

Guitariste flamenco, comme l’était Paco de Lucia qui, à 17 ans, jouait avec celui qui fut l’inventeur du « Flamenco Jazz » (le Basque Pedro Iturralde, tout un symbole…), Gerardo Núñez croise les cordes avec le « guitar hero » du label ACT, Ulf Wakenius. C’est la troisième fois que ce label propose un tel Jazzpaña, après un disque (1992) qui fut en quelque sorte originaire pour Siggi Loch, son fondateur, avec des musiciens comme Michael Brecker, Peter Erskine et Al Di Meola, sur des arrangements d’un inconnu à l’époque, Vince Mendoza ! En 2000, rebelote espagnole avec cette fois Núñez, encore présent aujourd’hui, Chano Domínguez (idem), Jorge Pardo, Perico Sambeat et encore Michael Brecker dans le rôle du ténor. Quinze ans plus tard, nous y sommes, troisième disque en public.

Le concert - ou plutôt les différents concerts qui ont été utilisés pour la présente édition - se présente comme un enchaînement bien huilé, qui part d’un duo à deux guitares, vite complété par les deux pianistes, auquel se joignent ensuite la section rythmique et le saxophone, ténor ou soprano. C’est virtuose et brillant, comme l’étaient en leur temps les rencontres à trois guitares (McLaughlin/Di Meola/De lucia), ça rebondit et ça danse avec l’arrivée des pianistes, d’autant que cette fois la « latinité » s’étend à Cuba par la grâce de Ramón Valle et du fameux « Siboney ». Sur « Blues For Pablo » Christof Lauer fait entendre un bien vilain son de ténor, mais il se rattrape ensuite au soprano. Une session plaisante, pas complètement indispensable néanmoins.