Chronique

Hilde Vanhove

Insense

Hilde Vanhove (voc), Michel Herr (p), Hein van de Geyn (b), Billy Hart (d), Bert Joris (tp)

Label / Distribution : Gandharva

La chanteuse belge Hilde Vanhove sort ici son troisième album personnel. Ses albums précédents, Celeste et You Stepped out of A Dream, ainsi que de nombreuses collaborations à d’autres projets, lui ont valu d’être élue meilleure chanteuse de jazz belge en 1999.

Pour cet album composé de standards américains et brésiliens, de compositions de jazzmen et une composition personnelle, Van Hove a réuni quatre grands musiciens. Billy Hart, rencontré lors d’un stage il y a quelques années, livre une prestation magnifique de bout en bout, tout en subtilité et en swing. Le bassiste néerlandais Hein van de Geyn, qu’on ne présente plus (la liste des musiciens avec lesquels il a joué parle d’elle-même) est particulièrement à son avantage sur un When the Lights Are Low interprété en duo, où il joue avec une irrésistible élasticité - « bounce » diraient les américains -, avant de se montrer capricieux sur la reprise du thème. Les deux régionaux ne sont pas en reste pour autant : Michel Herr apporte un accompagnement, des solos et quelques arrangements impeccables, tandis que la contribution de Bert Joris consiste en quelques solos lyriques à souhait (si ce n’est pas déjà fait, précipitez-vous sur Bert Joris Quartet - Live et Brussels Jazz Orchestra - Plays the Music of Bert Joris).

Par-dessus cet accompagnement de choix se pose la voix inhabituelle (il faut s’y habituer) et tendue de Vanhove, avec un bonheur fluctuant selon les pistes. La tension, un certain manque d’assise et l’incertitude de sa voix fonctionnent plutôt bien sur des morceaux comme Iris de Wayne Shorter, où l’élégance mystérieuse du compositeur est bien communiquée, ou Blue in Green, même sans l’autorité d’une Cassandra Wilson (dont les paroles sont reprises ici). De même, les bossas de Gentle Rain et Estate, aux tempéraments sombres et égaux, sont dans ses cordes.

En revanche, sur certains standards, l’interprétation laisse à désirer : Everytime We Say Goodbye en est le principal exemple, avec des syllabes distendues à l’extrême, à mille lieux du sens du texte. All or Nothing at All laisse perplexe : tandis que la section rythmique exprime bien le combat intérieur que se livre une femme face à la tentation de retourner aux côtés d’un amant infidèle, Vanhove reste plus distante et peu tranchante, mais peut-être est-ce un contraste voulu ?

Les deux compositions auxquelles Vanhove participe connaissent des fortunes diverses. Every Second, une composition du guitariste Peter Hertmans pour laquelle Vanhove a créé des paroles, souffre d’une diction indistincte rendant la compréhension extrêmement difficile. Insense, composé par la chanteuse, témoigne d’une certaine originalité en imbriquant chant et solos de manière réussie.

L’album se clôt sur un Smile surprenant, car Vanhove y démontre une confiance et une présence tout à fait autres, laissant entrevoir de futures possibilités.