Hip Hip Hip Jazz trio

Au Taquin, Christian « Ton Ton » Salut, batteur à la très longue carrière toulousaine, Akim Bournane à la contrebasse et Abdu Salim aux sax, sont comme à la maison. Loris Pertoldi, programmateur de la salle, ne s’y trompe pas lorsqu’il évoque le premier concert du Hip Jazz trio qu’il a vu au Mandala dix-huit ans auparavant alors que, fraîchement débarqué de Bordeaux, lui-même s’installait à Toulouse. On le forcerait un peu, il nous dirait que c’est ce trio qui l’a décidé à se consacrer définitivement à la musique. Bref, quand ces trois-là entrent dans le Taquin, ils claquent la bise, interpellent tout le monde par les prénoms et installent tranquillement leurs pénates.

La musique que propose le Hip Jazz trio est somme toute classique, jouée en deux sets, très club, walking bass du début à la fin, et faite de standards. Sur le papier ce n’est pas bien original mais tout se joue ailleurs. Il y a un syncrétisme évident, une fusion. Que le trio ait un quart de siècle d’existence y contribue, bien entendu.

Abdu Salim par Michel Laborde

Abdu Salim est la figure de proue de ce navire à trois mâts. C’est avant tout une gueule, un visage qui se déforme au gré des sensations qui l’animent, de grands yeux qui ne mirent plus rien lorsque ce géant malheureusement méconnu, sinon inconnu, entame une mélodie ou un chorus. Dans le Taquin plein comme un œuf, les cous s’étirent autant qu’ils le peuvent et nombre de spectateurs se sont assis sur les tables hautes pour l’apercevoir. Ses sax - il joue du soprano et du ténor - sont d’un noir profond et d’un or distingué. 25 ans après la naissance de ce trio (les photos de Michel Laborde - de véritables bijoux, soit dit en passant - en témoignent), c’était encore extrêmement émouvant et le temps d’un concert on a pu sentir un souffle coltranien envahir le quartier des Amidonniers.