Ian Shaw

The Theory Of Joy

Ian Shaw (voc, p), Barry Green (p), Mick Hutton (b), Dave Ohm (dm)

Distribution / Label : Jazz Village

Qu’on ne s’arrête pas à la première impression lounge ! Ian Shaw est un formidable conteur et un redoutable cat britannique d’origine galloise. Certes, on aurait pu attendre des musiciens un peu plus de mordant mais au royaume de la pop, les vocalistes trônent au sommet – pour preuve une version de « Where Are We Now ? » de David Bowie. Si le pianiste Barry Green se révèle excellent, le batteur et le contrebassiste en restent à une exécution presque fonctionnelle. Place donc à Mr Shaw, qui atteint des sommets vocaux dès l’introduction de ce disque, se risquant dans quelques mesures scattées, façon d’affirmer son leadership. Manière de revendiquer une part de féminité ? Assurément, tant ses falsettos rapides poussés dans les aigus rappellent les folies vocales d’une Betty Carter, voire la fausse ingénuité d’une Blossom Dearie – belle reprise de « You Fascinate Me So ». Habitué aux big bands, Ian Shaw évite la tentation crooner : ses descentes dans les graves l’orienteraient vers le bop façon Mark Murphy, sans ignorer des inflexions soul particulièrement mobilisatrices. Car le propos de ce chanteur est aussi imprégné de social-romantisme, façon Gregory Porter, sur des titres comme « My Brother », poignante ballade en hommage aux migrants réfugiés en Europe, jolie dénonciation de l’hypocrisie de nos « démocraties » (gratifié d’un beau solo de contrebasse qui plus est), ou « You’ve Got To Pick A Pocket Or Two », efficace pamphlet sur la crise financière à forme d’hommage à… Robin Hood !