Qu’est-ce donc que ce 10 ans de Live ! ? Une rétrospective ? Un bilan ? En fait, « un objet pour me rappeler ces beaux souvenirs » écrit Ibrahim Maalouf dans le livret. Il est en tout cas assez révélateur du chemin qu’a pris la carrière du trompettiste car c’est un album (CD et DVD) de star comme en témoignent la plupart des salles où ont été enregistrés les différents morceaux. Les jazzmen qui peuvent se produire à l’Olympia ne sont guère nombreux. Quant à jouer dans un Zénith, en l’occurrence celui de Nantes, y en a-t-il ? C’est en effet le genre de salle réservée aux vedettes les plus médiatisées. D’ailleurs, à l’heure où ces lignes sont écrites, on trouve à l’affiche Patricia Kaas, Julien Doré, Renaud, « Holiday on Ice » et autres « Stars 80 - dix ans déjà ! »
On pourrait donc s’en réjouir… sauf que le traitement qu’Ibrahim Maalouf fait subir à nombre de morceaux qui figurent ici est du genre complaisant. « Red And Black Light », qui ouvre l’album, en est une illustration : le public chante la mélodie tandis que le trompettiste raconte l’épopée de ce morceau depuis sa création dans la chambre en pyjama jusqu’à son traitement version « We Are The World ». La déception est d’autant plus grande qu’Ibrahim Maalouf déclare que cette « mélodie symbolise tout cet album ». Et en effet, la reprise de « La Javanaise » est tout aussi regrettable. La « toute petite surprise pour vous » - entendez Juliette Gréco qui partage cette scène et dont on peut se demander s’il elle n’y est pas réduite à une caution médiatique - et le chœur d’enfants qui reprend le refrain, tout ceci constitue un sirop trop sucré.
Heureusement, tout n’est pas de cet acabit. Quelques beaux chorus, notamment sur « Will Soon Be A Woman », ou encore « Beirut », poignante balade d’un ado dans la capitale libanaise jusqu’à sa rencontre avec les stigmates de la guerre, sont réussis. Réellement. Mais il y a trop de moments où la musique s’efface derrière la posture d’un showman.