Ilium à Marseille : du métal dans le jazz

Pianiste du trio « Prysm », une des formations de jazz acoustique les plus en vue ces dernières années en France, avec des albums sortis chez Blue Note ( « Prysm » en 1995, « Second Rhythm » en 1997, « Time » en 1999 ), Pierre de Bethmann ne pouvait se contenter d’un seul projet, aussi brillant soit-il, alors que son tempérament fougueux le porte vers d’autres aventures. Parmi celles-ci, la participation régulière aux groupes d’Olivier Ker-Ourio, Stéphane Huchard et Jean-Loup Longnon.

Aujourd’hui c’est avec un tout nouveau quintette qu’il effectue une tournée dans de nombreux lieux de jazz en France. Vendredi 9 novembre, il jouait à Marseille, invité par l’association productrice de concerts Le Cri du Port, à la Cave à Jazz de la Cité de la Musique, après être passé la veille à l’AJMI, une autre scène importante de la Fédération des scènes de Jazz et de Musiques improvisées et avant de rôder son quintet au Plana à Bordeaux les 25 et 26 novembre prochains.

Ilium est le nom du groupe . L’ilium ? « Un métal exemplaire pour ses propriétés cristallines et magnétiques, denses mais ductiles, désormais très recherché pour son exceptionelle qualité de transcendeur sonore. Son isotope le plus décelable, (plus scénoactif que radioactif), est désormais l’Ilium 5, constitué de 5 électrons libres, très libres, mais liés par une énergie vibratoire peu commune. Dans ses composés, il prend des formes et mesures variables, parfois complexes, à caractère fortement soniques  ».

On l’aura compris cette nouvelle formation a de l’humour et si les musiciens ne se prennent pas la tête, leur démarche suit un projet précis. C’est un nouveau répertoire, explorant une écriture dédiée à une formation plus large, qu’Ilium présentait à Marseille. Pierre de Bethmann souhaitait jouer avec des musiciens qu’il avait pu apprécier lors de rencontres chez lui. Il a donc réuni une nouvelle formation instrumentale où se combinent autour du Fender Rhodes, un ténor sensible, David El Malek qui s’exprime avec beaucoup de générosité sur les ballades, un contrebassiste inspiré, Clovis Nicolas, qui constitue le pilier du groove, avec Franck Agulhon, « régional de l’étape », à la batterie. La rythmique du groupe est subtilement complexe, tournoyante par instant et délicieusement lancinante. On n’est pas loin de la transe, de ce changement inopiné du métabolisme ! C’est aussi un plaisir de découvrir l’Américain Michael Felberbaum à la guitare, parfois plus en retrait mais dont les interventions délicates précisent et confirment un talent certain de compositeur. Quant à Pierre de Bethmann, il inscrit sa recherche dans le renouveau furieusement « tendance » du piano électrique, sans utiliser cependant d’autres effets (ordinateurs, drum’n’bass), contrairement à d’autres expériences, celle de Laurent de Wilde par exemple que la cité phocéenne accueille samedi 24 novembre dans le cadre de Jazz aux Docks.

La musique d’ Ilium serait-t-elle à l’image de Pierre de Bethmann ? Elégamment inspirée, d’une simplicité apparente : Pierre de Bethmann souligne lui-même avec malice, en présentant le titre d’un morceau Kiss (‘keep it simple, stupid !’) la difficulté de cette démarche . Cette fluidité apaisante ne doit pas faire oublier la « fabrique », le work in process (and in progress), le travail considérable de l’ensemble, qui présente déjà une rare unité.

Ilium, un groupe en pleine création, à découvrir pendant cette tournée française d’une vingtaine de concerts.

Biarritz - Blue Moon (22 novembre)
Périgueux - Jazzogène (23 novembre)
Bordeaux - Le Plana (25 & 26 novembre)
Cannes - MJC Picaud (8 mars)
Vitrolles - Moulin à Jazz (9 mars)
Nancy - Forum de l’IRTS (19 mars)
Metz - Trinitaires (20 mars)
Luxembourg - L’inouï (22 mars)
Auxerre - Jazz Club (29 mars)
Chandolas - Combe de Louba (30 mars)
La Roche sur Yon - Théâtre / scène nationale (4 avril)
Paris - Radio France (6 avril)