Chronique

In Love With

Axel Erotic

Sylvain Darrifourcq (dm, percussions, zither), Valentin Ceccaldi (cello), Theo Ceccaldi (vln)

Label / Distribution : BeCoq

Les signes de l’amour (sous toutes ses formes, des plus crues aux plus sublimées) sont récurrents dans la sphère du Tricollectif et entours, et ce depuis « Q » (avec déjà Sylvain Darrifourcq) jusqu’au présent Axel Erotic [1] en passant par la désormais célèbre Loving Suite For Birdy So et, bien sûr, le Tribute To Lucienne Boyer et son « Parlez-moi d’amour ». On attendait avec impatience ce disque, car on en avait eu un avant-goût délicieux dans la compilation du « Tricot ». Et « Bien peigné en toute occasion » est devenu le titre inaugural du présent CD.

Dès cette entame, en forme de course à l’abîme, on sait qu’on sera retenu jusqu’au bout. Car il y a de la musique tout le temps, et on se dit même parfois que ce n’est pas si compliqué que ça au fond : un rythme, des harmonies qui s’enchaînent, une mélodie qui surgit et disparaît. Et puis un autre rythme, ou plusieurs, des couleurs qui changent, des histoires qui se succèdent. Accélération, ralentissement : vous êtes embarqués, et pas seulement dans une barque réelle comme dans certains concerts festivaliers de l’été, mais dans une aventure musicale qui devient aussi la vôtre puisque vous en êtes le destinataire. Même si elle n’exige rien d’autre de vous que de faire taire toute autre forme de pensée que celle qui vous retient là-bas, là où ça joue, ça percute, ça chante, ça s’énerve, ça dérape. Où ça jouit bien sûr, puisque nous sommes bien In Love With (nom du groupe qu’on pourrait dire de Sylvain Darrifourcq puisque c’est lui qui signe toutes les compositions), sous le titre Axel Erotic. Et si ça jouit, ça risque aussi d’exister, ce qui ne va pas de soi quand il serait si simple de seulement vivre. C’est à dire dormir.

Ecoutez par exemple « À saveur de très beurre », qui succède au premier titre, avec sa pulsation quasi organique constante, et les multiples agacements qui viennent en ponctuer la répétition. Elle s’enchaîne directement avec « Asil Guide » qui joue sur de petits motifs bondissants comme des fusées d’artifice. Et le lien se fait encore directement avec « Sexy Champagne », une courte pièce en forme de pendule ironique. Et quand la pendule déraille, arrivent bien sûr « Les flics de la police », qui enflent jusqu’à une inexorable marche à l’échafaud. Imaginez la suite, et laissez vous porter jusqu’aux emportements crescendo du final.

Cette forte musique était dans les tuyaux depuis un certain temps, et Sylvain Darrifourcq a bien fait d’attendre que les fruits en soient mûrs pour nous en donner l’écoute. Car - une fois n’est pas coutume en un sens - l’enregistrement donne furieusement envie du « live », et l’on se prend à jalouser ceux qui ont assisté récemment à la sortie du disque, au Triton. Est-il nécessaire de dire que les deux corsaires qui entourent notre batteur et compositeur, Théo Ceccaldi et son frère Valentin, sont pour beaucoup dans cette lumière musicale qui nous arrive, et avec l’amour s’il vous plaît. Il nous plaît.

par Philippe Méziat // Publié le 24 janvier 2016

[1Un titre qui me touche particulièrement puisque mon dernier petit-fils porte le prénom d’Axel !