Tribune

In memoriam Steve Dalachinsky

Steve Dalachinsky (1946-2019), poète américain, aimait le jazz, New York et Paris.


J’apprends ce matin avec stupeur la disparition de Steve Dalachinsky, poète jazz, jazz poet, poète du jazz et jazz du poète. Il n’y en a plus, des ovnis comme lui qui sillonnent méthodiquement, presque obsessivement les concerts à la recherche de quelque fulgurance à coucher sur le papier.

Steve Dalachinsky. 21/09/14 à la Galerie Hus, Paris

À New York il était partout, il faisait partie des murs, il connaissait tout le monde. Il était capable de raconter l’histoire des pierres, des sons, de cette tache sur le mur de l’ancien Stone, de ce tapis au fond du Cornelia Street Café. Ces lieux ont disparu (ou, dans le cas de The Stone, ont été déplacés), et maintenant lui aussi.

Il aimait beaucoup Paris. La première fois que je l’ai rencontré en chair et en os, il m’avait donné rendez-vous dans un café à Montmartre. Il avait apporté plusieurs livres de poésie pour que je puisse préparer mon émission pour Hors-Série. Un, en particulier, m’a accompagnée par la suite : un recueil de poèmes écrits pendant des concerts de Charles Gayle, des dizaines et des dizaines de concerts de Charles Gayle, principalement à New York. J’aime à penser que c’est ce livre qui m’a ouvert la voie d’une expérience d’écoute bouleversante, lorsque ce même saxophoniste est venu à Paris en avril 2017, pour le festival du Tricollectif.

Plus tard, je l’ai revu à New York. Il m’a emmenée partout ; il me protégeait comme sa fille. Il m’a raconté l’histoire des pierres, des sons, de cette tache sur le mur du Stone, de ce tapis au fond du Cornelia Street Café. Ces lieux ont disparu, et maintenant lui aussi.