Chronique

Inga Liljeström

We Have Tigers

Inga Liljeström (voc, g), Michael Lira (b, bcl, cl, vln, g, bjo, perc, fl, tp)

Label / Distribution : Accords Croisés

Le parcours d’Inga Liljeström est sinueux. Bercée par Nick Drake ou Mélanie Safka, elle découvre la puissance du chant lorsque enfant, après l’école, elle s’introduit seule dans l’église de son village pour chanter, improviser des notes aiguës et ressentir le réverbération de sa voix dans ce lieu. Bouleversée par ce son angélique et le sentiment qu’il produit en elle, sa passion à l’origine secrète la conduira à étudier l’improvisation jazz à l’université, afin de consacrer sa vie à la poursuite de cette impression. Depuis plus de vingt ans, elle multiplie les collaborations artistiques au sens le plus large, du punk-rock au blues, en passant par le trip-hop/jazz, mais aussi le théâtre.

Avec ce nouvel album, la chanteuse australienne s’est associée au compositeur de musiques de films et multi-instrumentiste Michael Lira. Un album à quatre mains, conçu entre la France et l’Australie, un concentré d’images. Parce qu’ « il y a peu de gens qui comprennent le langage dont je me sers quand je décris ce que je veux faire musicalement. Aussi je préfère parler en images, par sensations de lumière, de couleur ou de goût ». Le rêve idéal de la chanteuse : que l’instrumentation permette de transmettre la sensation d’une scène ou d’un endroit. De transporter l’auditeur, de l’emmener sur les terres arides qui soutiennent la scène de We Have Tigers, par une sorte de synesthésie dans laquelle plusieurs formes artistiques se confondent, collaborent jusqu’au mélange.

Parmi les douze titres de l’album, sept compositions côtoient cinq chansons folk traditionnelles, qu’Inga Liljeström s’approprie et intègre à son paysage musical, pour en faire son propre langage. Fascinante artiste, passionnant processus de création et magnifique album, intime, vibrant, organique. Une musique qui n’est pas que sonorités mais qui porte un rêve éveillé, crée en soi un monde, creuse une brèche et plonge dans l’inconscient. Entre éveil et sommeil, cet état familier de transe et de transit, bien réel, n’est rien de moins que celui de tous les possibles.