Scènes

JAZZ IMPRO

Jazz impro est réédité.


Geoff Dyer
Jazz impro
10/18 - Musiques & cie

Jazz impro est réédité.
Récompensé lors de sa sortie en 1995 par l’Académie du jazz, cet ouvrage de l’auteur, critique,
romancier et amateur de jazz anglais Geoff Dyer est un pilier de la littérature jazz.
Que l’on me pardonne cette étiquette mais la littérature jazz est un imbroglio que certains (comme
Jacques Biseglia) tentent de démêler. Jazz impro, comme la quatrième de couverture tente de
nous le faire croire « invente des moments imaginaires dans la vie de (…) grands jazzmen ».
Imaginaires ? Ne sont qu’imaginaires les histoires imaginées. Dyer campe un décors pour chaque
histoire et y fait vivre et souffrir (c’est assez noir comme ambiance) le héros. Il conte. Peut-être
que Mingus n’a pas déjeuné avec Kirk dans ce restaurant. Bud a-t-il dansé sur les tables du
Minton’s ? Qu’importe. Dyer nous plonge dans une atmosphère véritable, où le personnage est
chez lui. Cette ambiance n’est pas imaginaire, l’histoire ne peut donc pas l’être. Dyer improvise
l’écriture. Le style de Dyer est leste et précis, acerbe et tendre, et il se love dans la peau des
personnages tant et si bien qu’il est impossible de savoir ou commence la fiction, si fiction il y a.
Chaque « portrait-conte » met en scène un héros de l’Histoire du Jazz : Mingus, Ellington, Young,
Pepper, Baker, Powell, Monk et les anecdotes sonnent familières. Il arrive souvent que les
ouvrages (auto)biographiques présentent des situations de façon clinique ou lyrique qui ôtent toute
sensibilité voire crédibilité à l’anecdote, qu’un ouvrage comme Jazz Impro s’impose par sa force de
persuasion : Imaginaire peut-être, mais tellement bien relaté.
Dyer ne se contente d’ailleurs pas de ces portraits. La postface est une réflexion profonde sur le
jazz, son histoire, ses principes de création, etc… et il ne se prive pas de redresser quelques torts.