Sur la platine

Jazz At The Philharmonic (Vol 14)

Descriptif : 33 + 45 = 78
Chronique actuelle d’un disque 33 tours, ou 45 tours, ou même 78 tours !


Je ne sais pas si vous avez eu l’occasion d’écouter, sur un matériel moderne (mais sans excès : platine TD 124, ampli Pioneer, enceintes Celestion) des disques 78 tours de la fin des années 40, mais je vous assure que si vous avez l’occasion de le faire, ce sera un choc. Car la dynamique de ces cires est tout simplement fantastique, et la présence des instrumentistes n’a rien à voir avec le meilleur des « repiquages » effectué en 33 tours ou en CD !

En l’occurrence, ici, vous avez sur trois disques, soit un album Mercury [1] deux thèmes seulement, « I Got Rhythm » et « I Surrender, Dear ». Solistes : Buck Clayton à la trompette, Willie Smith et Charlie Parker aux saxophones altos, Lester Young et Coleman Hawkins aux saxophones ténors, et une section rythmique avec Kenny Kersey au piano. Un morceau rapide, un morceau lent, et de quoi se régaler avec l’opposition des styles entre les deux ténors, et à chaque intervention de Charlie Parker, qui laisse percer dans « I Got Rhythm » de larges plages de silence, comme à la recherche des idées. Et Buck Clayton qui transperce l’écran par des solos inspirés et situés dans le vif aigu de l’instrument. Cela se passait le 22 avril 1946, et je relève que Charlie Parker ne joue pas en solo sur « I Surrender, Dear », même s’il est sans doute présent sur scène et dans les ensembles

La label Mercury fut le premier à accueillir les enregistrements effectués par Norman Granz lors de ses concerts JATP, avant même que le producteur ne fonde Norgran, puis Clef, et enfin Verve. Je ne suis nullement « audiophile », mais j’apprécie de pouvoir écouter ces disques. Quand ils sont en bon état (ce qui est souvent le cas des disques de jazz de ces époques achetés aux USA), c’est un vrai plaisir d’avoir le sentiment très fort que l’instrumentiste « sort » des enceintes pour vous parler. Comme disait Élise (vous ne saurez pas laquelle, peut-être celle de la lettre) quand je mettais le volume un peu bas « mais fais-le sortir ! ». Élise avait raison.

par Philippe Méziat // Publié le 14 mai 2017

[1Je rappelle que l’appellation « album » renvoie explicitement à la présentation de ces disques, sous forme d’album photographique, le terme continuant de s’appliquer aujourd’hui, même à des sorties sous forme de CD, voire d’ensemble dématérialisé de fichiers !